Libreville, le 30 mars 2024 – (Dépêches 241). Alors qu’il était, en qualité de Président, l’une des quatre personnes désignées par l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS), à l’effet de participer au Dialogue National Inclusif, le nom d’Hervé Patrick Opiangah a été étrangement retiré de cette rencontre par le CTRI. Une absence qui ne manque pas d’interroger et en même temps qu’elle ouvre les portes à toutes les supputations ainsi qu’à toutes les allégations.
Le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) peut-il réellement se passer d’une personnalité de la trempe, du parcours et du vécu politique d’Hervé Patrick Opiangah ? C’est là une question qui en bon droit se pose, au lendemain de la mise à l’écart pour la participation au Dialogue, du Président de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS). Cette question se pose avec acuité, tout autant qu’elle laisse percevoir, à travers elle, chez le CTRI, une certaine inconséquence et immaturité politique. Peu de personnes dotées de raison ne sauraient comprendre cette approche du régime du Général-président Brice Oligui Nguema.
Acteur majeur de la Transition, Hervé Patrick Opiangah est un fin stratège, un politicien affûté et méticuleux qui comme personne, transcende les clivages. Au plus fort de la période sensible post « Coup de Libération », ses qualités et son sens du relationnel ont été mis au service du CTRI. Car, il ne faut que trop bien le rappeler, la médiation du natif de Mounana a certainement permis que la posture de l’opposition, de son candidat unique et de la plateforme alternance 2023 ne se raidissent, avec le risque de plonger le pays dans l’impasse.
Heureusement, les faits en histoire sont têtus, et cette histoire, l’histoire du rôle joué par Hervé Patrick Opiangah dans cette Transition, François Ndong Obiang, actuel 1er Vice-président de l’Assemblée Nationale en a révélé un petit bout. « Je tiens à préciser que Monsieur Hervé Patrick Opiangah a été un acteur important dans la mise en relation entre le CTRI et Alternance 2023. Il était l’homme proposé au service et au contact. C’est donc le lieu de rappeler ici que ce monsieur a joué un rôle majeur dans la réussite de la Transition », avait-il déclaré.
Dans un autre sens , peut-on valablement se passer d’une personnalité qui avant tout le monde avait déjà appelé à une grande rencontre, un dialogue à l’effet de décrisper le climat social dans un contexte où le déficit de confiance et de communication était déjà manifeste et patent entre les différents acteurs de la société gabonaise ? Oui! Faut-il le rappeler, le 29 novembre 2021, par le biais d’une tribune sur sa page facebook officielle, le Président de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS) avait invité les Gabonais dans leur entièreté à se réunir sans complaisance et sans a priori à travers une grande rencontre politique, économique et sociale. « Une rencontre oú les filles et fils du Gabon débattront librement, se parleront franchement, sincèrement (…). Un dialogue empreint de franchise et de vérité, dénué d’a priori, de condescendance et de mépris… », appelait-il.
Nommé Ministre le 9 septembre 2023, puis débarqué 4 mois plus tard au nom d’une incompatibilité entre son statut d’homme d’affaire prospère – détenteur d’une Holding – et la fonction gouvernementale, HPO qui s’est depuis mis en retrait des activités du CTRI est désormais libre de conduire ses affaires et d’implanter sa formation politique. Il est d’autant plus libre, qu’il n’est plus tenu par le potentiel accord qui le liait à l’ancien Président déchu. Accord qu’il assume du reste mais qui ne l’a pas empêché de montrer sa désapprobation et son opposition face à la tentative d’un passage en force d’Ali Bongo Ondimba en août dernier. D’ailleurs, nonobstant son statut de Parti de la majorité, l’UDIS est l’unique formation de ce bloc à avoir dénoncé l’introduction du bulletin unique au sein du processus électoral. Et le Président du CF Mounana ne s’est pas contenté de dénoncer, il s’est investi pour la chute de son ancien mentor. « En tant que personnalité de la majorité présidentielle, je puis vous assurer que Monsieur Opiangah a sérieusement travaillé pour le départ d’Ali Bongo Ondimba…. Sérieusement travaillé », révélait avec gravité un membre de l’opposition.
Un rappel qui dénote des capacités en politique de l’homme et de la puissance du réseau que l’homme d’affaire à su tisser au fil des années comme l’a d’ailleurs rappelé Jeune Afrique. « Fort d’un tentaculaire réseau de relations haut placées, du Haut-Ogooué au Maroc, en passant par les cercles de business gabonais. HPO fait partie de ces personnalités difficiles à cerner au sommet de l’État », a-t-on pu lire. Des états de services qui en définitive parlent d’eux-mêmes, rehaussés en cela par un passage réussi au ministère des Mines qui a fait battre en brèche le procès en incompétence et en analphabétisme qui lui est fait à tort depuis des décennies.
Déchargé de ces clichés qui peu à peu s’écroulent comme un château de cartes, délié des accords politiques passés et loyalement assumé HPO qui jusqu’à présent a fonctionné sous le prisme du respect de la maxime populaire « il n’y a pas deux capitaines dans un bateau » du fait sa collaboration avec Ali Bongo, peut désormais y aller franchement en politique. Et comme le soulignent nos confrères du Mbandja, « Si HPO avait décidé d’y aller plus franchement en politique, le PDG aurait perdu des fiefs dans plusieurs circonscriptions du pays », rappellent-ils.