Construction d’Oligui Ville à Oyem: quand Owono Nguema comme sous l’odre ancien, se vautre dans la bassesse politique

Cette démarche du Délégué Spécial d’Oyem en lançant la construction d’Oligui Ville, fait revivre aux Gabonais les basses pratiques de l’ancien régime © DR

Libreville, le 3 avril 2024 – (Dépêches 241). Le projet de construction d’une ville annexe à Oyem, chef-lieu de la province du Woleu-Ntem, annoncé par son Délégué spécial, Jean-Christophe Owono Nguema, aurait eu toute sa grandeur s’il avait refusé de se situer dans le cadre de la basse politique. En effet, la décision de baptiser cette nouvelle agglomération du nom d’Oligui-ville n’est pas sans rappeler la coutume d’une autre époque : celle du Parti unique où toutes les infrastructures nées des projets structurants avaient leurs identités  accolées au nom du feu Président. 

On peut citer de mémoire le boulevard Triomphal, l’Université, le stade omnisports et en prime Bongoville, le chef-lieu du département de la Djouori-Agnili, tous du nom d’Omar Bongo. À titre personnel, à moins de nous convaincre du contraire, cela n’est pas de nature à grandir l’ancien sénateur. Car, sa longue expérience politique et surtout la notoriété qu’il a acquise à Oyem dans sa ville natale lui permettent assez largement de se dispenser du Kounabélisme, c’est-à-dire, cette attitude qu’ont les opportunistes en milieu politique gabonais de chanter sans retenue les louanges aux dirigeants les plus élevés. 

D’un homme de sa trempe, on veut toujours espérer mieux. De son bel âge biologique et politique, on aurait espéré qu’il soit parmi ceux qui aident de leurs conseils avisés le Président-Général à redonner son sens véritable à la Transition au moment où elle est de plus en plus perçue comme une arnaque politique et avec elle le Dialogue National inclusif dont les travaux se sont ouverts hier. 

Le culte de la personnalité, les prises de parole publiques remplies d’éloges à l’endroit du Président de la Transition de la part même de celles et ceux qui, comme Owono Nguema, doivent l’obliger à la lucidité ne favorisent pas autres choses que le clientélisme, le népotisme voire le tribalisme. Mais tout cela est clairement aux antipodes de ce que l’on doit promouvoir au moment où il importe de tracer les chemins du Gabon qui vient. 

Comble du paradoxe, l’annonce du projet de construction  de la future Oligui-ville survient alors que le CTRI vient de marquer son indignation quant à la manière dont l’image, incluant aussi bien le nom du Président, est opportunément associée à des faits sociopolitiques de bas étage. Mais au constat, c’est à croire que l’ancien cadre de l’Union nationale se serait exempté de cette mise en garde.  Peut-être est-il parvenu à flatter l’ego d’un Oligui Nguema visiblement en volonté de marcher sur les traces  d’Omar Bongo. Ou surfe-t-il sur le fait de la proximité parentale avec l’actuel locataire du palais de marbre ? 

Dans les deux cas tout est à reconsidérer. Vouloir s’imposer à la postérité en faisant fi de la décence ne mène pas souvent à grand-chose. Et le président gagnerait à être cohérent dans ses postures, lesquelles sont pour beaucoup, frappées du sceau de l’antinomie entre la parole et l’acte.

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