Communication gouvernementale: le zéro de ces 7 mois de Transition ?

Laurence Ndong, la ministre de la communication accumule les bourdes et les couacs depuis sa nomination

Libreville, le 9 avril 2024 – (Dépêches 241). Scrutée par l’opinion nationale et internationale, la Transition en cours au Gabon a suscité de nombreuses attentes sur le plan politique, économique et social. Si la certitude nous force à admettre qu’avec l’avènement du Gouvernement de la Transition, de francs succès sont observables aujourd’hui, la réalité nous pousse tout aussi à affirmer que ce Gouvernement dont la parole est portée par Madame Laurence Ndong, pèche cruellement dans sa communication, notamment sur les sujets à fort impact politique et social.

Les ratés n’en finissent plus de s’amonceler pour la porte-parole du Gouvernement de la Transition au Gabon. Celle qui a souvent fait figure d’égérie de la diaspora gabonaise en France ces dernières années, Laurence Ndong, semble peiner à tenir une communication audible, cohérente et pertinente depuis sa prise de fonction en tant que Ministre de la Communication et porte-parole du Gouvernement.

En sept mois d’exercice seulement, elle a donné à voir tant de ratés dans ses sorties médiatiques. Imprudences, méconnaissances des dossiers, liberté d’opinion non maîtrisée, reniement de soi, suffisance dans certaines déclarations, incohérences et manque de maîtrise, le rapport de l’opinion au porte-parole du Gouvernement de Transition semble désormais se résumer à une litanie de fiascos communicationnels, au point où l’on en vient parfois à s’interroger sur l’origine de ses ordres.

Sans être exhaustif, arrêtons nous sur les faits qui ont récemment défrayé la chronique. Son passage à la télévision publique à l’effet d’apporter calme, sérénité et compréhension au sujet du rétablissement de la bourse au secondaire a davantage clivé l’opinion qu’autre chose, tant sa position actuelle entre en contradiction ouverte avec celle qu’elle soutenait fermement hier, alors qu’elle était encore dans l’opposition. « Franchement, avec tous les revenus que notre pays a, tous les enfants gabonais devraient avoir la bourse depuis la maternelle jusqu’à l’université. Quel que soit leur âge, quelle que soit leur moyenne », pouvait-on l’entendre dire du temps où elle vivait en France.

Sa sortie à propos de la supposée exfiltration de Sylvia Bongo et son rejeton de la prison centrale a été d’une platitude et d’une aberration renversantes. Laurence Ndong est allée jusqu’à arguer que l’article du très sérieux média panafricain Jeune Afrique pourrait être une invention des hackers. « Pour répondre rapidement à celui qui cite JeuneAfrique, faites attention,(…) tout ce qui se dit sur Internet n’est pas toujours la vérité. J’ai vu souvent des personnes qui trichent, c’est de la fraude. Ils vont reproduire toute la charte graphique de Jeune Afrique et ils vont publier comme si c’était Jeune Afrique alors que ce n’est pas Jeune Afrique », avait-elle avancé, alors que vérification faite, l’article était bien sur le site internet du média.

Plus proche de nous, sans pudeur, la Ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du Gouvernement, a fait le choix d’admonester à la télévision publique des professionnels des médias, leur reprochant d’avoir diffusé des éléments de l’ex Parti au pouvoir au JT de 20h. Attitude du reste incompréhensible, car quelques semaines auparavant, la même Laurence Ndong défendait avec hargne sur les antennes de RFI certains cadres du PDG, évoquant la nécessité de reconstruire avec tout le monde. « Dans le PDG il y avait des gabonais qui aiment le Gabon et qui sont des personnes intègres. Il ne suffit pas d’avoir été au PDG pour être diabolisé, pour être mis de côté. Si on doit mettre tous les PDGiste dehors, alors fermons le Gabon », soutenait-elle au micro de RFI.

Dernièrement, c’est encore sa sortie sur la question du paiement des rappels solde qui a engendré flou et incompréhension au sein de l’opinion, et qui a fini par mettre vent debout les fonctionnaires et les centrales syndicales du pays, appelant désormais à des explications du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, sur une question extrêmement sensible et complexe, alors même que son Chef, Raymond Ndong Sima, tenait sur sa page Facebook officielle une version contraire de celle de son porte-parole. « En application de la feuille de route du Président de la République, Chef de l’État et de la Transition, je suis penché depuis quelque temps sur le dossier des régularisations des situations administratives soumis à ma signature par les Ministres de la Fonction Publique et celui du Budget. Compte tenu de la lourdeur du dossier et des enjeux financiers, j’invite les agents publics à faire preuve de patience afin que les dossiers soient correctement traités », avait-il précisé, contredisant du même coup les propos de son porte-parole, qui appelait les fonctionnaires à « faire le deuil » de leurs rappels.

Dans le même sens, c’est le syndicaliste Fridolin Mve Messa, du reste Sénateur de la Transition qui s’est donné la liberté de recadrer la Membre du Gouvernement après qu’elle se soit immolée de contre-vérités et d’allégations infondées. « Contrairement à ce qui a été véhiculé, le Président de la Transition, Chef de l’Etat a dit aux travailleurs qu’il allait payer leurs droits (rappels et services rendus). Pour cela, il avait besoin d’un peu de temps pour faire le point. Il a annoncé la période de 2025-2026 (…) Audience du 30 mars 2024 », a-t-il indiqué sur sa page Facebook. Finalement de qui Laurence Ndong tient-elle ses informations quand elle annonce en direct à la télévision que les fonctionnaires doivent faire le deuil de 10 ans de services rendus parce que l’Etat n’a pas les moyens de les payer ? De quel absence de moyen parle t-elle quand le Premier annonce d’une part être en train de traiter les dossiers de régulation et quand le président indique clairement que les rappels seront payés ? Communique-t-elle pour le gouvernement de la Transition ou contre la Transition ? Quel intérêt a-t-elle d’annoncer une décision qui n’aura pour seul effet que d’attiser le feu social ?

Tous ces ratés communicationnels nous invitent à un questionnement rigoureux. Laurence Ndong porte-t-elle souvent réellement la voix du Gouvernement ou celle de ses propres ressentis ? A-t-elle une connaissance parfaite des dossiers qu’elle est souvent invitée à évoquer? Toujours est-il qu’à ce moment de la Transition, la communication gouvernementale semble toujours piétiner, principalement sur les sujets délicats à fort impact politique et social. Une communication qui se place inexorablement comme le point faible de ces sept (7) premiers mois de Transition.

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