Commission Vérité-Justice-Réparation-réconciliation : Talon d’Achille du CTRI ? 

La réticence des militaires du CTRI à ouvrir les dossiers des crimes de 2009 et 20216 interroge et laisse à penser qu’ils n’ont pas envie d’ouvrir la boite de pandore ©ComPrésidentielle

Libreville, le 6 Mai (Dépêches 241).  L’idée d’ouvrir à la Nation un Dialogue National Inclusif après le « Coup de liberté » survenu le 30 août dernier aurait pu être pour le CTRI une occasion de marquer le coup. Car, de ce moment, les Gabonaises et les Gabonais espéraient mieux, notamment en ce qui concerne la réhabilitation de leur dignité. 

S’il est lors de ce Dialogue national une grande déception, c’est de fait le refus des plus hautes autorités et de ceux qu’ils ont choisi pour diriger ces assises, à accéder à la demande de nombreux compatriotes, victimes et familles de victimes à connaître la vérité quant aux violences post-électorales. C’est à croire que ni le Gouvernement, ni le Clergé à qui on a confié la plus grande responsabilité lors de ce Dialogue ne veulent rien en dire. Pourquoi ? Dans quel intérêt ? Chacun en toute liberté pourrait avancer sa réponse.

Pour bon nombre de compatriotes, l’hypothèse est celle-ci: le CTRI a choisi de taire ce sujet aussi bien pour ménager ses alliés politiques de l’heure que protéger la réputation de certains frères d’armes susceptibles d’être impliqués dans ces dossiers. Car, on voit mal comment l’ouverture d’une commission Vérité-Justice-Réparation-Réconciliation ne conduirait pas ne serait-ce que pour nécessité de clarification à des personnalités notoirement connues citées dans ces affaires y compris les plus hauts gradés de nos forces armées. Cela est peut-être politiquement correct, toujours est-il qu’il s’agit de petite politique puisqu’elle lèse la majorité. 

Le moins qu’on puisse dire au regard de la réalité est que le CTRI a manqué un rendez-vous important avec l’histoire, et a peut-être trahi l’une de ses vocations: restaurer la dignité du Peuple Gabonais. De ce Dialogue National Inclusif qui s’est achevé il y a peu, la Nation toute entière aurait gagné à faire la lumière sur ces dossiers. Non pas seulement pour redonner de la dignité aux disparus des possibles fosses communes, mais également pour marquer la volonté des nouvelles autorités à opérer la rupture avec l’ancien régime.  

Le fait est que la volonté de construire un avenir apaisé pour tous oblige à réparer le présent. Car, il n’est d’aucune pertinence politique encore moins morale d’appeler les Gabonaises et les Gabonais à tourner une page douloureuse de leur histoire sans l’avoir lue et comprise. Et ce encore plus que les conclusions du Dialogue National Inclusif tendent davantage à fracturer le tissu social par leur caractère immoral, mal fondé, arbitraire et attentatoire à la citoyenneté. 

Cette approche du CTRI est foncièrement malsaine et a tendance à renforcer le sentiment d’humiliation et d’injustice. C’est à croire que personne n’est assez courageux en ce temps de Transition pour briser le silence qu’impose le CTRI sur ces violences. Pas même Bertrand Zibi Abeghe ni tous les activistes pourtant d’habitude si volubiles n’ont dit mot. Même pas Laurence Ndong qui du temps de son activisme dans la diaspora a toujours demandé que la lumière soit faite sur les crimes de 2009 et 2016. 

De quoi laisser prospérer l’idée des plus pessimistes de cette Transition qui soutiennent depuis quelque temps que le Gabon qui vient est visiblement celui qui fut avant le règne d’Ali Bongo.

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