Libreville, le 21 mai 2024 – ( Dépêches 241). S’estimant humilié, torturé et brimé par les militaires désormais au pouvoir à Libreville, Ali Bongo Ondimba, ancien Chef d’État du Gabon, tente aujourd’hui de trouver secours auprès de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Chose curieuse et surprenante, quand on sait qu’il y a peu, l’ancien Président Gabonais affichait encore un souverain mépris vis-à-vis de cette organisation internationale, qu’il soupçonnait alors de vouloir s’immiscer dans les affaires internes d’un État indépendant, lorsque l’opposition Gabonaise l’avait sollicitée pour enquêter sur les violences post-électorales de 2016.
Le 14 mai dernier, l’opinion apprenait avec stupéfaction l’entrée en grève de la faim d’Ali Bongo Ondimba et de ses deux plus jeunes fils Jalil et Bilal, en signe de protestation contre les présumés actes de tortures infligés à son épouse Sylvia et à son fils Noureddine à la prison centrale de Libreville. Dans la même veine, ses avocats annoncent qu’une plainte avait déjà été déposée auprès du Groupe de travail de l’ONU sur la présumée détention arbitraire dont l’ex Chef d’État et sa famille seraient victimes.
Seulement, au détour d’un saut en arrière, notamment après l’élection présidentielle très contestée de 2016, matérialisée par des violences post-électorales jamais observées sous nos cieux, Ali Bongo Ondimba et sa horde d’affidés ne s’étaient pas embarrassés de débouter l’ONU auprès de qui l’Opposition Gabonaise s’employait à rechercher du soutien, en accusant l’organisation internationale d’ingérence et de volonté manifeste de s’immiscer dans les affaires internes d’un État souverain.
Dans la même veine, le régime d’Ali Bongo Ondimba s’était refusé à l’idée de tenir compte des résolutions de l’ONU lesquelles après l’incarcération de Brice Laccruche Alihanga puis la saisine de ses avocats Me Anges Kevin Nzigou et Dominique Inchauspé dénoncaient dans un rapport, « Une détention arbitraire ». Un rapport qu’Ali Bongo avait battu en brèche, s’insurgeant contre l’ingérence de l’ONU. Une posture qui avait du reste choqué Anges Kevin Nzigou. « Je ne veux pas croire que le Gabon refuse de se plier aux décisions du conseil des droits de l’homme de l’ONU, dont il est lui-même membre », avait-il déclaré.
L’opinion s’interroge donc sur la démarche de l’ancien Chef d’État Gabonais, qui, étrangement et sans pudeur, tente désespérément aujourd’hui de trouver de l’aide auprès du Groupe de travail de l’ONU chargé d’enquêter sur les cas de détention arbitraire et de violation des normes internationales en matière de droits de l’homme, alors qu’il ne s’empêchait pas de narguer l’organisme il y a peu, quand il trônait encore au Palais du bord de mer. Une situation qui doit rappeler aujourd’hui à de nombreux dirigeants africains la nécessité d’avoir des rapports éthiques et responsables vis-à-vis de leurs Peuples et des organisations internationales, quand ils sont encore au pouvoir.