Libreville, le 23 mai 2024 – (Dépêches 241). Les figures de proue de l’Association des Jeunes Émergents Volontaires (AJEV) seront présentées demain devant la justice pour répondre des crimes financiers qui leur sont reprochés. Parmi elles figure Noel Mboumba, ancien Ministre du Pétrole sous le règne des BLA-Boys, libéré en 2020 et qui avait reconnu devant la presse avoir détourné des fonds. A l’heure de la restauration des Institutions qui engendre avec elle la promesse d’une justice non instrumentalisée, la question du sort qui sera réservé à Noel Mboumba, lequel est du reste passé aux aveux, se pose avec acuité. Elle sera sans doute l’une des attractions de ce procès qui va durer près d’un mois.
Membre éminemment important des « Bla-Boys » et de la puissante Association des Jeunes Émergents Volontaires (AJEV), Noel Mboumba avait été libéré le 12 mars 2020 sous condition au terme de 3 mois de détention préventive à la prison centrale de Libreville pour des faits de détournement, distraction des deniers publics, blanchiment de capitaux, association de malfaiteurs, concussion, faux et usage de faux dont il se serait rendu coupable en association avec d’autres membres de l’Ajev.
Le 13 mars 2020, à la surprise générale, Noel Mboumba, ancien Ministre du Pétrole avait convoqué la presse et animé une conférence pendant laquelle en plus d’enfoncer Brice Laccruche Alihanga, l’accusant insidieusement d’être l’auteur de plusieurs faits condamnables, il avait clairement avoué avoir détourné des fonds. Morceaux choisis. « Des faits qui me sont reprochés, je tiens à préciser à l’opinion que j’ai reconnu avoir exécuté des instructions malveillantes de la part des personnes qui ont profité de leurs positions dominantes, pour me conduire à poser des actes contraires à la loi », avait-il déclaré devant la presse. Peut-on faire plus clair en termes d’aveux ? Manifestement non.
Par ces déclarations, Noel Mboumba reconnaissait là, clairement, avoir distrait des fonds de façon intentionnelle, en ayant clairement conscience de ce que l’acte ou les actes qu’il posait étaient contraires à la loi bien que selon lui, lesdits actes auraient été recommandés par des personnes hiérarchiquement plus importantes que lui. Si à l’époque Noel Mboumba n’avait pas eu le cran de révéler les noms des personnalités, à l’heure où s’ouvre ce procès dans un contexte de Transition et donc de Restauration des Institutions, il est important que cette sortie soit remise au goût du jour afin de délier le vrai du faux et de dénouer le nœud gordien de l’opération Scorpion
Qu’est ce qui aurait motivé cette sortie au lendemain de sa liberté conditionnelle ? Quelles sont ces personnalités supposément haut placées qui auraient incité Noel Mbouma à détourner des fonds ? Pourquoi Noel Mboumba n’a pas eu le courage de révéler les noms à l’opinion ? Après être passé aux aveux, et donc reconnu sa culpabilité dans des crimes financiers, quelle sera la posture des juges ? Va t-il être maintenu en liberté conditionnelle ?
Dans un contexte où les nouvelles autorités de la Transition insistent sur l’obligation d’une justice égale, objective et indépendante, la capacité à faire la lumière sur ce type de fait donnera des indications sur la crédibilité et la fiabilité du système judiciaire Gabonais, longtemps décrié pour ses relations incestueuses avec le pouvoir exécutif.
