Restauration ou non de l’appareil judiciaire Gabonais: le Procès de BLA au révélateur ? 

la justice s’est-elle réellement émancipée?

Libreville, le 28 mai 2024- (Dépêches 241). Depuis quelques jours, l’actualité nationale est dominée par la reprise du procès de Brice Laccruche Alihanga, ancien Directeur de Cabinet d’Ali Bongo Ondimba, accusé de détournements de fonds, de complicité de détournements de fonds publics, de concussion, de blanchiment de capitaux. Si ce procès était très attendu par l’opinion, en ce qu’il permettrait enfin la manifestation de la vérité, c’est davantage le verdict rendu qui surprend aujourd’hui par ses nombreuses incohérences. 

Vendredi 24 mai 2024 dernier, l’ancien Directeur de Cabinet d’Ali Bongo Ondimba, Brice Laccruche Alihanga s’est de nouveau présenté devant la Cour criminelle spéciale de Libreville, pour répondre des présumés crimes financiers qui lui seraient reprochés par la justice gabonaise. Une constante a cependant dominé ce procès et le verdict qui s’en est suivi: ce sont les très sévères incohérences qui caractérisent ce dernier. 

S’il est une chose évidente et cruciale en droit, c’est bien que la culpabilité d’un individu doit toujours pouvoir s’établir à travers la production des preuves formelles et irréfutables permettant de le confondre et de l’accabler. Or, ce qui s’est donné à voir dans le procès de l’ex «Messager intime » d’Ali Bongo, c’est simplement comme une volonté punitive du système judiciaire gabonais, refusant de se déjuger, après une première condamnation aux relents inique qui ne reposait sur aucun élément probant, formel et irréfutable. 

Sinon, comment raisonnablement comprendre la décision de la justice gabonaise de condamner BLA à 12 ans de prison dont 9 avec sursis, sans qu’aucun élément de preuve matérielle n’ait été fourni contre lui ? Comment comprendre la décision rendue hier par la Cour criminelle spéciale dans cette affaire BLA, au regard des nombreuses et flagrantes violations du code de procédure pénale relevées par les Conseils de ce dernier ? La justice gabonaise a-t-elle absolument voulu condamner Brice Laccruche Alihanga, même au prix des violations et incohérences des règles de droit, pour ne pas donner l’image d’une justice qui se déjuge et confirmer les soupçons d’instrumentalisation qui pèsent sur elle ? 

Un sentiment renforcé par les propos du Président de la Transition, Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, lorsqu’au cours d’une visite dans la zone nord de Libreville il lança à propos de Renaud Allogho Akoue « Je savais qu’il était innocent , mais à l’époque je n’avais pas encore assez de force pour renverser la situation ». Des propos qui résonnent aujourd’hui avec le soupçon que la justice gabonaise a souvent été caporalisée sous le régime déchu, afin de régler des comptes à des adversaires politiques ou des compagnons de même bord politique, devenus gênants ou encombrants. 

Alors que ce procès portait en lui l’espoir de voir la justice gabonaise tordre le coup à cette réputation non usurpée, elle a surtout, au révélateur du procès de Brice Laccruche Alihanga confirmé ou presque, les prémonitions de l’opinion.

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