Instrumentalisation de la Justice: Noel Mboumba et les procès verbaux dictés par la juge d’instruction 

L’ancien ministre du Pétrole est passé aux aveux sur le mensonge éhonté de 2020

Libreville, le 31 mai 2024 – (Dépêches 241). Dans le procès de la Sogara en rapport avec l’opération Scorpion ouvert hier au Palais de Justice de Libreville, l’un des accusés, Noel Mboumba a fait des révélations d’une particulière gravité qui viennent ouvrir la boîte de Pandore de l’instrumentalisation de la justice Gabonaise sous le régime du Président déchu Ali Bongo Ondimba. 

La Cour Criminelle spéciale a été le témoin hier d’une révélation qui porte tous les atours d’une affaire d’Etat, d’une violation du principe de la justice équitable avec intention malsaine de faire barrage à la manifestation de la vérité. Appelé à la barre hier en sa qualité de principal accusé dans une des affaires de détournements de fonds, Noël Mboumba ancien Ministre du Pétrole et du reste ancien dirigeant de la Sogara, a reconnu s’être vautré dans le faux en complicité avec une juge d’instruction à l’effet de dresser des procès verbaux entachés d’irrégularités.

Ces écrits qui consomment amplement l’infraction de faux et usage de faux en écriture publique avaient pour seuls buts de disculper Ali Bongo Ondimba et son rejeton Noureddine Bongo Valentin, non sans jeter l’opprobre sur Brice Laccruche Alihanga. « La juge d’instruction me dictait les déclarations à mettre dans mes procès-verbaux. J’ai subi des pressions afin de retirer les noms de Noureddin Bongo Valentin et Ali Bongo Ondimba et surtout pour modifier mes déclarations ! », a confié Noël Mboumba à la barre hier. 

Un complot ourdi pour faire plonger BLA ? 

Des aveux qui mettent finalement en relief la teneur de sa conférence de presse animée en 2020, au lendemain de sa libération conditionnelle trois mois seulement après son incarcération pour détournement de fonds. Ce dernier tout en reconnaissant avoir distrait des fonds avait incriminé Brice Laccruche Alihanga, ancien Directeur de Cabinet d’Ali Bongo. Ces accusations étaient d’une telle violence, d’une telle gravité qu’il avait poussé le vice à son paroxysme en affublant à BLA l’intention de faire un coup d’Etat par la venue des mercenaires. 

Quatre ans après, ces révélations de celui qui est considéré comme le « Judas Escariote » de la politique sonnent à l’évidence comme un arrangement, un deal passé entre lui et les anciens tenants du pouvoir symbolisés par la «Young Team» dont Noureddine Bongo, Sylvia Bongo ou encore Ian Ghislain Ngoulou étaient les têtes pensantes. Ces déclarations, par ailleurs, démontrent à bien des égards que la justice gabonaise a été instrumentalisée au profit de certaines personnalités contre d’autres. 

On comprend aisément pourquoi Noël Mboumba qui a affirmé avoir détourné des fonds a passé 3 mois en prison quand d’autres, visiblement innocents à la lumière des faits, ont passé 5 ans de leurs vies. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*