Libreville, le 4 Juin 2024 – (Dépêches 241). Dans une sortie récente, le Président du Parti Social Démocrate (PSD) Pierre Claver Maganga Moussavou, a fait une révélation pour le moins troublante pour ne pas dire renversante. Dans un discours clair et particulièrement saisissant, l’ancien Vice-président de la République a attribué au Général Brice Clotaire Oligui Nguema l’intention d’opérer un second coup d’État, si jamais les Gabonais dans leur majorité déboutent les résolutions du Dialogue National Inclusif lors du futur référendum.
L’annonce est quasiment passée sous silence, et pourtant elle mérite d’être abondamment analysée et relayée par les médias, tant elle est d’une extrême gravité. Devant la presse nationale et internationale, le Président du Parti Social Démocrate (PSD), à l’occasion de la conférence de presse conjointe avec Albert Ondo Ossa Pierre, a laissé entendre que le Président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, aurait pour ambition d’opérer un second coup d’État, « si jamais le NON », l’emporte au futur référendum.
« Lorsque nous avons été reçus à la Présidence, j’ai été heurté par une seule chose. La réaction du Président », a d’abord déclaré l’ancien Vice-président de la République, avant de poursuivre « Je lui ai dit que quand il y a un référendum ceux qui ne sont pas d’accord expliquent au peuple pourquoi ils ne sont pas d’accord. C’est démocratique. Et lui de me répondre que si le référendum ne donne pas raison au CTRI il fera un second coup d’État », a répété, effaré, Pierre Claver Maganga Moussavou.
Des doutes, des craintes et des peurs légitimes sur la sincérité du CTRI ?
En déposant Ali Bongo Ondimba et ses affidés le 30 août 2023, les Forces de Défense et de Sécurité regroupées au sein du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) matérialisaient le rêve des populations gabonaises de se débarrasser du régime tyrannique Bongo-PDG qui a gouverné le Gabon pendant près de six décennies par les intimidations, les arrestations arbitraires, les emprisonnements politiques, et des règlements de comptes via une justice abusivement instrumentalisée.
Seulement, aujourd’hui, au regard de certaines décisions et attitudes du Président du CTRI, des doutes et des craintes légitimes s’emparent de plus en plus des Gabonaises et des Gabonais. Si les déclarations de Pierre Claver Maganga Moussavou sont vraies, alors des interrogations nouvelles vont se faire jour. Contre qui le Président de la Transition voudrait-il faire un second coup d’État ? Quel objectif poursuivrait le Président du CTRI en opérant un second coup de force ? Quel message voudrait-il faire passer en commettant un nouveau putsch ? Pourquoi avoir déboursé des milliards pour organiser un Dialogue si le dessein sous-jacent serait d’imposer la seule volonté des militaires ? Le Dialogue National inclusif était-il donc un simulacre démocratique ?
Ces questions en bon droit, ont le mérite d’être posées, d’autant plus que les déclarations de Pierre Claver Manganga Moussavou, en plus de l’effroi qu’elles portent, tendent à faire présumer ou faire prospérer l’hypothèse d’un règne de la peur que pourrait installer le Général-Président et son CTRI. Toute chose qui serait contraire à l’ambition de départ du CTRI et qui pourrait définitivement mettre à nu l’imposture inavouée des militaires au pouvoir.