Libreville, le 4 mai 2024 (Dépêches 241). Le procès Brice Laccruche Alihanga contre le ministère public a connu un rebondissement inattendu ce lundi. Les avocats de l’ancien Directeur de cabinet du président de la République déchu, qui se sont retirés des débats, ont dénoncé une parodie de justice et un plan ourdi contre leur client devant aboutir à sa condamnation.
A la barre depuis hier dans une enième dans le cadre de l’opération scorpion, les avocats de Brice Laccruche Alihanga qui dénoncent une instrumentalisation de la justice Gabonaise et une parodie judiciaire ont décidé de quitter la salle de l’audience au regard de l’attitude incommodante du président du tribunal qui sans raison, se refuse à l’idée de donner la parole à la défense pour soutenir ses prétentions.
« Pour qu’une procédure soit équitable, il faut un minimum de respect des règles de procédure. Le Président à la Police de l’audience ce qui lui permet d’organiser la prise de parole et d’organiser le calme et la sérénité dans le prétoire. Ça ne l’autorise jamais à interdire à une partie de prendre la parole pour donner ses arguments », soutient Me Anges Kevin Nzigou, un des avocats de l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba.
L’avocat de Brice Laccruche Alihanga s’est indigné devant les errements de la justice gabonaise qui semble être retombée dans les heures les plus sombres du régime déchu. « Nous avons assisté depuis l’ouverture de ces sessions criminelles à une parodie judiciaire, un cirque judiciaire dans laquelle on empêche à la défense de donner ses arguments et d’expliquer dans le seul but de donner des décisions déjà connues d’avance. Nous avons fait des études de droit, nous n’avons pas fait des études d’accompagnement à la mort » a souligné Anges Kevin Nzigou.
Les conseils de l’ancien « messager intime » ont soulevé l’incohérence née du fait que le ministère public de façon étonnante, s’est constitué partie civile quand bien même Ali Bongo Ondimba, présumé propriétaire du compte querellé, ne l’a pas fait. « Nous avons soulevé une exception liée au fait que l’État ne peut pas se constituer partie civile parce que Ali Bongo propriétaire du compte pour lequel nous sommes aujourd’hui devant la Cour ne s’est pas constitué partie civile. C’est un compte irrégulier, nous ne comprenons pas ce que vient faire l’État dans cette procédure », a souligné Anges Kevin Nzigou.
Pour autant, nonobstant cette incongruité, les avocats de la défense en réponse à la posture du ministère public, a souhaité comme le commandent les assuétudes d’un procès contradictoire prendre la parole à l’effet de faire valoir leurs arguments. Une démarche légale et légitime refusée incompréhensiblement par le président de séance d’où le retrait d’Ange Kevin Nzigou et ses confrères de salle d’audience. « L’Etat indique que c’est un compte privé mais nous refuse la parole pour que la défense réagisse. Le président dit qu’on a pas droit à la parole mais si la défense n’a pas droit à la parole, que fait-elle dans cette procédure ? », s’est interrogé, dépité, le porte-parole des avocats de Brice Laccruche Alihanga.
Une situation ahurissante qui bat en brèche les promesses de restauration de la justice gabonaise manifestement toujours prisonnière des méthodes du régime déchu. Une posture qui en définitive est en porte à faux avec les déclarations du Général-Président Brice Oligui Nguema qui avait clairement disculpé les hauts commis de l’Etat poursuivis dans le cadre de l’opération scorpion.