Libreville, le 6 mai 2024 – (Dépêches 241). Dans le procès de l’affaire SOGARA impliquant Brice Laccruche Alihanga et plusieurs de ses anciens collaborateurs, l’opinion a été choquée par les révélations de Noël Mboumba, ancien Directeur Général de ladite société, qui a ostensiblement avoué qu’il recevait des ordres de la juge chargée de ce dossier pour mentir et changer ses déclarations, afin de disculper le clan d’Ali Bongo et enfoncer davantage son ex Mentor, BLA. Des révélations extrêmement troublantes, mais qui manifestement n’émeuvent ni le Secrétariat Permanent de la Magistrature, ni le Conseil Supérieur de Magistrature, seules entités habilitées à arbitrer dans ce type de situation, mais qui continuent de briller par un silence effarant sur cette affaire.
Les Gabonaises et les Gabonais avaient naïvement cru qu’avec l’avènement des militaires au pouvoir, portés par leur noble ambition de Restauration des Institutions, les espoirs les plus optimistes pouvaient s’autoriser, y compris dans le domaine de la justice qui a longtemps souffert de la réputation non usurpée de « justice aux ordres ». Seulement, à la lumière des derniers événements, notamment du procès de BLA dans l’affaire SOGARA, elle semble être restée de marbre, fidèle à sa réputation sans volonté de déjouer les pronostics.
« La juge d’instruction me dictait les déclarations à mettre dans mes procès-verbaux », a d’abord récemment confié Noël Mboumba à la barre, avant de poursuivre « J’ai subi des pressions afin de retirer les noms de Noureddin Bongo Valentin et Ali Bongo Ondimba et surtout pour modifier mes déclarations ! », a-t-il ajouté pendant l’audience. Ces révélations sont si troublantes que sous d’autres cieux, elles auraient mis vent debout toute la corporation, mais surtout elles auraient commandé au Conseil Supérieur de la Magistrature une réaction adaptée à la circonstance.
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Sans verser dans l’excès, encore moins sans céder aux facilités de l’émotion, cette affaire nécessite avec la plus grande rigueur une réaction du Conseil Supérieur de la Magistrature, qui continue étonnement de se murer dans un silence inquiétant soulevant désormais des interrogations claires. Le CSM connaîtrait-il la juge ayant falsifié les PV pour enfoncer BLA ? Pourquoi semble-t-elle bénéficier d’une protection ? Qu’est-ce qui pourrait expliquer l’incurie et le peu d’empressement à réagir du Conseil Supérieur de la Magistrature dans cette affaire ?
Toutes ces questions attendent toujours des réponses claires au sein de l’opinion publique.