Libreville, le 12 août 2024 – (Dépêches 241). Être activiste ne devrait pas exempter certains compatriotes de répondre de leurs turpitudes devant la justice. Voilà une vérité qu’il faut rappeler en permanence à de nombreux concitoyens, notamment ceux que l’on subsume sous la catégorie d’activistes. Lanceurs d’alerte, leaders d’opinion, dénonciateurs, influenceurs web, cette catégorie de personnes doit absolument se départir de l’idée que leur statut d’activiste leur confère un droit d’impunité.
Calomnies, invectives, médisances, diffamations, injures publiques, atteinte à l’honneur, défiance permanente des autorités et institutions établies, autant d’attitudes qui caractérisent ceux que l’on range souvent dans la catégorie d’activistes. Des comportements blâmables que notre société réprouve vigoureusement et que la justice gabonaise condamne avec fermeté. Ces compatriotes semblent ne pas opérer la distinction entre l’activisme intellectuel caractérisé par une critique rationnelle et constructive, et l’activisme ordurier qui consiste à faire acte de flétrissure vis-à-vis des gouvernants et des institutions d’un pays, en se vautrent en permanence dans l’injure systématique, la diffamation, l’atteinte à l’honneur. En déplacement au Sénégal, le président de la Transition avait notamment souligné la nécessité de distinguer l’activisme ordurier de l’activisme intellectuel.
De la nécessité de tirer les leçons de l’histoire?
L’histoire récente des activistes et autres vouvou zélateurs gabonais est assez riche d’anecdotes aux épilogues similaires. Sans se donner le ridicule de toutes les ressasser, celle de Gaël Koumba Ayoune, appelé « le Général des Mapanes » et de Hoffer Edou Mve, affectueusement appelé « Hoffman » est suffisamment évocatrice de cette situation. L’un leader d’opinions et l’autre rappeur, tous deux se revendiquant proches des quartiers populaires de la capitale, ont pourtant été écroués à la prison centrale de Libreville, par faute de leur attitude de défiance vis-à-vis des institutions de l’État et du Président de la République de l’ordre ancien, dont ils s’enorgueillissaient du reste, d’en être très proche.
Pour rappel, Gaël Koumba Ayoune, autoproclamé Général des Mapanes et Hoffer Edou Mve dit Hoffman, avaient été interpellés en février 2021, puis incarcérés à Sans Famille en mars de la même année, pour outrage au Chef de l’Etat et incitation à la révolte lors du concert des casseroles ayant fait deux morts en février 2021, après l’intervention de la police dans les PK. Malgré leur supposée proximité avec le régime ancien, celui-ci n’a pas hésité à leur faire vivre les rigueurs de la loi, en les jetant en prison pour leur comportements répréhensibles.
Le respect des institutions du pays et des aînés : un impératif non aliénable
Un cas qui devrait interpeller les activistes gabonais aujourd’hui : être supposément dans les bonnes grâces du pouvoir n’octroie guère un droit d’impunité. En clair, ce n’est pas parce qu’on est activiste, même proche du pouvoir, qu’il faut s’abandonner à des comportements déviants vis-à-vis des institutions de l’État ou des personnalités publiques. Le Président de la Transition lui-même récuse au plus haut point cette attitude, et n’a pas manqué de le rappeler récemment aux jeunes réunis au sein du Mouvement national des Chômeurs du Gabon (MNCG), à l’occasion d’une audience qu’il leur a accordée.
« Ne prenez pas pour prétexte, parce qu’on est dans une situation de chômage, qu’on n’a perdu sa dignité, qu’on ne sait plus quoi faire, qu’il faut insulter les aînés, non. Je l’ai dit à Moanda (…) Ne vous mettez pas à insulter les aînés et à crier sur eux. Et c’est comme si ça devenait la norme. Ce n’est pas la norme dans ce pays et je refuse que ces comportements soient la norme. Nous voulons reconstruire ce pays, on veut redonner du travail à tout le monde, mais cela doit se faire dans la discipline, dans le respect des autres », a rappelé avec fermeté Brice Clotaire Oligui Nguema aux jeunes réunis au sein du MNCG. Autant dire que ceux qui se croient tout permis, au nom d’une supposée proximité avec le nouveau pouvoir, doivent absolument revoir leur copie et assumer leurs actes devant la justice en cas de dérives.