Libreville, le 13 septembre 2024 – (Dépêches 241). Dans le paysage politique gabonais, la communication présidentielle est régulièrement un sujet de débats et d’analyses depuis l’arrivée au pouvoir des militaires. Depuis un moment, un conflit de compétences est apparu au cœur du cabinet présidentiel, mettant en lumière l’absence de clarté des rôles distincts mais souvent confus du porte-parole de la Présidence Max Olivier Obame et du conseiller spécial, Chef de département communication, Télesphore Obame Ngomo.
Alors que le flou relatif aux conflits de compétences entre les différents portes paroles de la Présidence, et du Gouvernement subsistent depuis l’avènement de la Transition, il nous paraît nécessaire de rappeler ici que les enjeux de la communication publique d’un Chef d’Etat sont cruciaux pour la perception nationale et internationale du pays, encore plus dans cette période de Transition où le Gabon est au centre des attentions. Aujourd’hui, la dynamique entre les différentes figures de la communication présidentielle est de nature à inquiéter tout observateur avisé.
Max Olivier Obame dont le rôle traditionnel est de représenter la première institution du pays et de communiquer les positions officielles, se trouve dans une position qui interroge : le choix du silence malgré une activité présidentielle riche et parfois tumultueuse est incompréhensible. Elle dénote selon l’opinion d’un manque de confiance tout autant qu’elle met en soupçon les compétences de l’homme en la matière. Dans la même veine, son silence face à certaines situations critiques et sa relative absence dans les médias interrogent sur son efficacité et son influence. Cela contraste avec un conseiller Chef du département de la Communication qui, lui, s’illustre par son activité dans les médias, prenant souvent sur la forme, la parole sur des sujets qui relèvent de la compétence du porte-parole du palais bien que manquant de profondeur dans ses prises de parole.
Cette situation soulève des questions sur la stratégie de communication du Président Oligui Nguema et sur le message qu’il souhaite transmettre à ses concitoyens. D’un côté, le porte-parole, en tant que voix officielle, est censé apporter des éclaircissements et une image unifiée des actions et de l’actualité présidentielle. De l’autre, présence médiatique plus prononcée du Conseiller, chef du département communication pouvant créer des incohérences, des ambiguïtés et nuire à la clarté du message gouvernemental. La Charge virulente de ce Porte-parole contre un membre du gouvernement en est l’exemple parfait. Une sortie médiatique qui a fait « pschitt » vu qu’elle n’a eu pour seul effet que de désacraliser la parole présidentielle.
Les analystes politiques s’interrogent également sur les implications de ce conflit de compétences. Un porte-parole faible ou inaudible pourrait mener à une perte de confiance du public, tandis qu’un conseiller en communication un peu trop actif pourrait donner l’impression d’un manque de direction claire. Les citoyens gabonais, tout comme les partenaires internationaux, ont besoin de stabilité et de clarté dans la communication présidentielle, surtout dans un contexte de Transition où les défis économiques et sociaux sont pressants. Symbole de l’inertie et l’apathie de la cellule communication du palais du bord de mer, la conférence que devait tenir Télesphore Obame Ngomo, chef du département communication a été annulée et reportée sine die. L’homme s’est montré incapable de tenir et d’assumer son seul rendez-vous avec la presse plus d’un an après avoir été nommé à la tête de ce département.
Pour résoudre ce conflit, il serait peut-être judicieux pour le Président de la Transition de clarifier les rôles de chacun et d’établir une stratégie de communication cohérente à défaut de changer les rôles des deux acteurs dont les conflits de compétences sont patents. Une meilleure coordination entre le porte-parole et le conseiller pourrait contribuer à renforcer l’image de l’Exécutif et à améliorer la confiance du public. Plus rigoureusement, en accord avec la volonté gouvernementale de réduire le train de vie de l’Etat, il serait peut être plus judicieux d’éviter au contribuable de supporter des charges et des salaires des hauts commis de l’Etat payés grassement à ne rien faire en supprimant les fonctions d’un des deux, pour ne pas dire le moins actif.
La communication présidentielle au Gabon est à un tournant majeur. Le déséquilibre entre un Porte-parole silencieux et un conseiller hyper actif doit être réévalué, afin d’assurer une communication unifiée et efficace. Les mois à venir seront cruciaux pour observer comment cette dynamique évoluera et quel impact cela aura sur la perception du Gouvernement Gabonais.