Moanda: l’opération de lutte contre le grand banditisme aurait occasionné un décès

Les forces de l’ordre envoyées dans la ville des oiseaux pour le maintien de l’ordre sont-elles à l’origine du décès d’un jeune ? ©DR

Libreville, le 16 septembre 2024-(Dépêches 241). Réquisitionnées par le Gouverneur de la province du Haut-Ogooué, les Forces de Défense et de Sécurité, notamment les militaires, ont investi la ville de Moanda depuis quelques jours, à l’effet d’endiguer le phénomène de grand banditisme qui prend des proportions inquiétantes dans la cité minière. Seulement, depuis hier, il revient avec insistance que les militaires abuseraient du monopole de la violence étatique pour infliger aux populations des sévices corporels inacceptables, des actes humiliants et dégradants et auraient occasionné à ce jour un décès.

La cité minière de Moanda porte la réputation d’une ville avec une importante activité économique et à forte concentration humaine, toute chose qui pourrait donc logiquement attirer bandits, malfaiteurs et scélérats de tous genres. Ces dernières années, la ville tend même à se signaler parmi les plus dangereuses du pays, tant il y règne braquages, vols à mains armées, viols, crimes de sang, trafic intense des drogues et toutes sortes de stupéfiants. Ce qui rendrait difficile une vie paisible dans la ville de Moanda ces derniers temps.

En mesure de rétorsion, le Gouverneur de province, Jacques Denis Tsanga, par le biais d’une réquisition administrative signée le 13 septembre dernier, a fait intervenir les Forces de Défense et de Sécurité, pour définitivement « enrayer le banditisme qui sévit dans la ville de Moanda ». Si l’initiative a été majoritairement saluée par les populations, les méthodes appliquées sur terrain par les militaires inquiètent. Traitements humiliants et dégradants, sévices corporels visibles sur les personnes interpellées, réalisation des photos et vidéos des présumés bandits, suivie de publication sur les réseaux sociaux.

Pire, alors que les militaires seraient allés surprendre des jeunes en flagrant délit de consommation de drogue dans une habitation de fortune qui servait d’arrière base à de nombreux jeunes, ces derniers auraient ouvert le feu sur Matéo, un jeune qui aurait tenté de s’échapper, alors même que sur la réquisition administrative signée du Gouverneur, il est formellement inscrit « L’ouverture du feu est proscrite : sauf en cas de danger réel ou de légitime défense », précise ladite réquisition.

Une bavure des militaires qui vient s’ajouter à celles déjà commises par les hommes en treillis depuis l’arrivée au pouvoir du CTRI. Si la volonté d’offrir aux populations un cadre de vie délesté de brigands et de bandits est fortement saluée, il reste que l’usage abusif du monopole de la violence étatique observé ces derniers temps est tout aussi répugnant. Il n’est plus question de continuer d’endeuiller des familles, pour des faits largement évitables. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*