Libreville, le 30 octobre 2024 – (Dépêches 241). Ce mardi 29 octobre 2024, les avocats de Sylvia et Noureddine Bongo étaient face à la presse nationale et internationale, à l’effet d’alerter à nouveau sur la situation de leurs clients, toujours retenus à la prison centrale de Libreville depuis plus d’un an sans procès. Face aux femmes et aux hommes des médias, Me Gisèle Eyue Bekale et ses collègues, Me Célestin Mba Ondo, Me Jean Paul Moubembe et Me Poaty Amar Charles ont annoncé avoir saisi la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, devant la léthargie de la procédure d’instruction qui vise leurs clients, mais surtout aux fins de faire constater la violation de leurs droits et la séquestration de ces derniers entre autres.
Après leur dernière conférence de presse du 19 septembre 2024 dernier, les avocats de Sylvia et Noureddine Bongo sont de nouveau montés au créneau hier après-midi. Face à la presse locale et internationale, ils ont indiqué avoir saisi la Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, une instance supranationale qui pourrait amener la justice gabonaise à revoir le traitement réservé actuellement à l’ancienne Première Dame et son fils, toujours privés de leur liberté depuis un an.
Dans un discours clair, Me Gisèle Eyue Bekale avec la pugnacité qui la caractérise a décliné les raisons qui ont conduit à la décision de saisir cette instance internationale. « Le 19 septembre dernier, nous avons tiré la sonnette d’alarme sur les violations des droits de nos clients. Et nous constatons pour le déplorer que les grandes lignes n’ont pas bougé. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de saisir la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (…) Il s’agit d’interpeller cette instance supranationale sur les conditions de détention inhumaines et dégradantes de madame Sylvia Bongo et de Monsieur Noureddine Bongo », a déclaré la porte-parole des avocats.
Les avocats appellent à une libération pure et simple de leurs clients par les pouvoirs publics…
Au cours de cette deuxième conférence de presse, les avocats de Sylvia et Noureddine Bongo n’ont pas manqué de rappeler la vacuité du dossier de leurs clients, en montrant notamment l’absence d’éléments de preuves intangibles qui pourraient accabler ces derniers, mais également les nombreux vices de procédure qui jalonnent l’ensemble de la procédure. « Il ne s’agit pas d’une procédure normale. (…) Nous le disons avec force, Il n’y a aucune preuve des faits qui sont retenus ni aucune justification que la raison humaine commande pour qu’ils continuent à être privés de leur liberté d’aller et venir. Le dossier pénal de nos clients est vide, ils ne sont incarcérés que sur la base des informations montées et colportées de toutes pièces », a indiqué Me Gisèle Eyue Bekale.
C’est donc en raison de leur liberté confisquée illégalement depuis le 30 août 2023, que les Conseils de l’épouse d’Ali Bongo et de son fils ont demandé aux nouvelles autorités du pays de libérer leurs clients. « Devant l’impuissance involontaire du juge d’instruction et au regard de l’absence matérielle de preuve ou de charge suffisamment caractérisée, devant cette prise d’otages, nous demandons aux pouvoirs publics de mettre fin à la privation de liberté de Sylvia et de Noureddine Bongo », a ajouté Me Gisèle Eyue Bekale, avant de poursuivre en affirmant que « Dans un pays comme le Gabon qui aspire au respect de la personne humaine et de ses droits fondamentaux, la liberté doit toujours être le principe et la détention doit toujours demeurer l’exception », a-t-elle conclu sur cet aspect.
Ils dénoncent par ailleurs, une politisation outrancière de l’affaire par les nouvelles autorités
Pour finir, Me Gisèle Eyue Bekale et ses confrères ont relevé l’ultra politisation de cette affaire concernant leurs clients, conduisant ainsi à une impossibilité du juge d’instruction de prononcer la libération de ces derniers. « Nous ne sommes pas dans une configuration de politique pénale. Le dossier étant piloté par les pouvoirs publics, la libération de Sylvia Bongo et Noureddine Bongo Valentin ne sera prononcée ni par un juge d’instruction, ni par ses avocats mais uniquement par la politique », a estimé cette dernière.
Une idée reprise et soutenue par un de ses confrères. « Tous ces acteurs impliqués sont plus ou moins des acteurs politiques. Nos clients en leurs qualités d’épouse et de fils d’ancien Président sont des acteurs politiques. La partie civile, prétendue victime dans ce dossier c’est l’Etat Gabonais, la partie accusatrice c’est le ministère public, c’est à dire le Parquet de la République qui représente l’Etat. C’est un procès politique et donc la solution ne peut être que politique » , a soutenu Me Célestin Mba Ondo.
Dans la même veine, c’est en direction du Président de la Transition que Me Poaty Amar Charles a envoyé un message en demandant à ce dernier de se conformer à la loi en respectant par ailleurs le principe du parallélisme des formes duquel doit normalement déboucher la libération de ses clients. « Nous restons dans la logique des pouvoirs publics qui est celle de remettre en liberté nos clients qui sont aujourd’hui détenus en captivité. Et mon confrère l’a ici précisé, il faut respecter le parallélisme des formes. Nos clients ont été enlevés car n’étaient pas recherchés par la justice et aujourd’hui ceux qui les ont enlevés, sont seuls responsables de les rendre à leur état naturel qui est la liberté », a-t-il déclaré avant d’interpeller Brice Oligui Nguema « C’est pourquoi nous lançons une demande expresse et directe au Général Président Brice Clotaire Oligui Nguema pour la libération de nos clients tout en l’invitant à prendre des distances avec les actes posés quand ils étaient hors la loi à partir du 30 aout jusqu’a la prestation de serment », a-t-il soutenu.