Libreville, le 15 novembre 2024 – (Dépêches 241). À l’occasion de sa déclaration relayée de façon résonante depuis hier au regard de sa teneur et de sa hauteur, Hervé Patrick Opiangah s’est tout particulièrement adressé au Président de la Transition à travers une interpellation autant mystérieuse que profonde. Le Président de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS) a rappelé à l’actuel Chef de l’Etat qu’il n’a pas respecté ce qui semble être une parole sur laquelle les deux hommes se seraient entendus et accordés au sujet de l’avenir du Gabon avant et après le 30 août 2023, date de la chute du régime Bongo-PDG.
« Que se sont donc dits HPO et Oligui Nguema ? », « De quoi parle Opiangah quand il dit à Oligui Nguema que ce n’est pas ce qu’on s’est dit ? », « Nous cache-t-on la vérité par rapport à ce coup d’Etat du 30 août 2023 » ? 24 heures après le discours du Président de l’UDIS à l’occasion de sa déclaration relative au Référendum, invitant du reste les militants de son Parti politique et les compatriotes par ricochet à voter pour le NON, ce sont là des questions qui sont revenues avec insistance au sein de l’opinion.
Si hier à travers sa déclaration, Hervé Patrick Opiangah a motivé son choix du NON en s’opposant notamment à « la consécration d’un Président de la République quasiment de Droit Divin », fait qui constituerait « une inacceptable dérive pour notre pays », l’homme a surtout attiré l’attention et marqué ce discours par un passage d’une profondeur et d’un mystère inouïs symbolisés par cette interpellation vive, intime et grave au Président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema. « Je voudrais à ce stade de mon propos, me permettre quelques mots à titre personnel : Excellence Monsieur le Président de la Transition, Mon Général, ce n’est pas ce qu’on s’est dit ! », a-t-il déclaré d’un ton assuré.
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Il n’en fallait pas plus pour que la toile s’émeuve et pour que les Gabonaises et les Gabonais s’interrogent avec gravité sur la teneur et le sens de ce message adressé au Général-Président. Si d’aucuns se sont arrêtés sur ces simples interrogations ouvrant la porte à diverses éventualités et interprétations, les esprits les plus éclairés y ont clairement vu une révélation, du moins un début de révélation sur les origines du coup d’Etat du 30 août dernier. Si les Gabonais cherchaient la preuve de l’implication d’Hervé Patrick Opiangah dans cet acte marquant un tournant dans l’histoire du Gabon, ils l’ont grandeur nature dans cette déclaration du Président de l’UDIS.
Souvenez-vous, au lendemain du coup d’Etat, Hervé Patrick Opiangah était apparu aux côtés de Brice Clotaire Oligui Nguema chez plusieurs leaders de l’opposition. Si à l’époque cette image était incomprise au sein de l’opinion, le temps a au fur et à mesure réhabilité Hervé Patrick Opiangah dans le rôle hautement important joué par ce dernier dans le coup d’Etat du 30 août 2023. C’est d’ailleurs ce premier mystère que fendra François Ndong Obiang lors d’un point de presse en janvier dernier. « Je tiens à préciser que Monsieur Hervé Patrick Opiangah a été un acteur important dans la mise en relation entre le CTRI et Alternance 2023. Il était l’homme proposé au service et au contact et j’ai dû apprendre à connaître ce monsieur », avant d’ajouter qu’en plus d’avoir joué un rôle important pour la Transition, HPO « était, lui aussi, pénétré, tout en étant de la majorité présidentielle, de l’idée qu’il fallait maintenant passer à autre chose », avait souligné le parlementaire.
Passer à autre chose, comme l’a souligné François Ndong Obiang, c’était sans doute redonner au Gabon sa dignité, sauvegarder la souveraineté du Peuple Gabonais et en définitive rendre le pouvoir au Peuple et donc aux civils. Est-ce bien ce qui avait été convenu et rappelé ainsi par Hervé Patrick Opiangah et non respecté par Oligui Nguema ? La quête du pouvoir et la volonté désormais non dissimulée de s’y maintenir a-t-elle fait perdre le fil au Président de la Transition, au point de violer sa promesse de remettre le pouvoir au Peuple ?
Si ces questions se posent en bon droit, elles consacrent une vérité qui semble être intangible. Hervé Patrick Opiangah serait peut-être dans le secret des Dieux tout autant qu’il est peut-être le seul capable de confondre Oligui Nguema et le CTRI sur les réelles visées du coup d’Etat. À travers ce message, Hervé Patrick Opiangah appelle au respect de la Parole donnée. Il semble dire de façon sibylline, que des choses avaient été convenues pour faire entrer le Gabon dans la gouvernance beaucoup plus saine, une ère de prospérité partagée où le droit, l’équité, la justice et le patriotisme constitueront le pacte républicain autour duquel le Gabon devra se restaurer pour éviter de plonger à nouveau, dans des décennies de convulsion politique.
Car, la réalité du présent est telle qu’il n’est pas besoin d’être un expert de l’analyse politique pour constater la persistance des errances et des incohérences dans la gouvernance des nouveaux tenants du pouvoir. Le népotisme, le clientélisme, la gabegie financière et le culte de la personnalité, l’absence de transparence comme sous l’ancien régime règnent toujours sans complexe sous cette transition. C’est en ce sens que le « Excellence Monsieur le Président de la Transition, Mon Général, ce n’est pas ce qu’on s’est dit ! », prend tout sens.
Cette phrase est une invite au changement, au redressement, à la rectification, au retour aux fondamentaux pour matérialiser le véritable engagement des patriotes auteurs de l’acte salvateur du 30 août dernier. Celui de refonder notre ethos, d’ennoblir nos mentalités, de restaurer nos institutions, d’améliorer notre cadre légal et de restructurer notre socle économique et social. Gageons que ce message sera sagement et responsablement entendu par Brice Clotaire Oligui Nguema afin qu’il règle la mire et matérialise enfin l’espérance portée par ce Peuple pénétrée d’une indicible volonté de changement dont Hervé Patrick Opiangah manifestement, reste encore l’une des personnalités à s’en préoccuper.