Libreville, le 18 décembre 2024 – (Dépêches 241). Le régime de Transition dirigé par les militaires a dernièrement mis en place une commission nationale chargée de la rédaction du nouveau code électoral, moins d’un mois après l’adoption de la nouvelle Constitution. Un nouvel enjeu pour les acteurs choisis contraints de proposer aux Gabonais une réforme qui puisse cette fois-ci trouver l’assentiment de la majorité. Tout le contraire du récent projet constitutionnel.
Il y a quelques semaines, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) a rendu public un communiqué annonçant la mise en place d’une commission nationale, à l’effet de rédiger et de présenter l’avant projet du Code électoral. « Par décret présidentiel de Son Excellence Brice Clotaire Oligui Nguema, sont nommés en date de ce jour au sein de la commission nationale pour l’élaboration de l’avant projet de code électoral », a déclaré le Colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi.
L’organisation des élections par le Ministre de l’Intérieur, juge et parti ?
A cet effet, plusieurs personnalités ont été nommées au sein de cette commission pour rédiger cette nouvelle loi électorale et en sortir une version noble et républicaine en ayant pour leitmotiv l’organisation des « élections libres, transparentes et apaisées ». Il conviendra pour la nouvelle équipe d’épurer la loi électorale de toutes les insanités introduites par le régime déchu à la veille des dernières élections présidentielles d’août 2023 et revoir les désaccords qui ont émergé sur la question pendant cette Transition comme le fait que les candidats aux élections ne seront pas représentés et ne recevront pas de copies de PV.
Une des questions sur lesquelles devra se pencher la nouvelle équipe c’est bien évidemment celle du retour de l’organisation des élections par le Ministère de l’intérieur. Un recul démocratique pour certains en ce qu’il enterre tous « les acquis démocratiques de plus de 30 ans », tel que l’a souligné Jean Valentin Leyama. D’ailleurs, les prescriptions de l’Union africaine et de la CEEAC imposent de confier l’organisation des élections à un organe indépendant. C’est le cas dans la plupart des pays africains pénétrés d’une réelle intention d’impulser une démocratie véritable au sein de leurs États.
L’enjeu du découpage électoral
Le redécoupage électoral sera sans doute un des enjeux de cette nouvelle loi parce que considéré depuis toujours comme une manœuvre politico-politicienne visant uniquement à favoriser le camp du pouvoir. Un des cas symptomatiques de cette réalité reste l’actuel découpage qui a toujours profité au PDG. « Pourquoi le Haut-Ogooué a presqu’autant de sièges que l’Estuaire qui concentre plus de 60% de la population gabonaise ? Le découpage actuel, issu de l’ancien régime , conçu pour magnifier le repli identitaire et favoriser les régions ( Haut-Ogooué, Ogooué-Lolo) historiquement acquises à l’ancien parti PDG », a souligné le leader du Mouvement Priorités Citoyennes (MPC) de Guilou Bitsutsu-Guilessen.