Libreville, le 18 décembre 2024 – (Dépêches 241). Menée par les éléments de la Gendarmerie Nationale, l’opération dénommée « Coup de poing » a permis d’effectuer dans la nuit du 13 au 14 décembre dernier une rafle de 348 personnes de plusieurs nationalités. Si le maintien du couvre-feu commençait déjà par susciter de vives critiques au sein de la population gabonaise, c’est aujourd’hui le traitement réservé aux contrevenants de cette mesure qui a outré et provoqué l’ire et l’indignation des populations.
Instauré au soir même de la prise du pouvoir par les militaires le 30 août 2023, le couvre-feu en vigueur au Gabon suscitait depuis un peu plus de 15 mois exaspérations et inquiétudes chez les populations. En effet, si le contexte d’après le 30 août 2023 le justifiait, au regard du précédent qui venait d’être enregistré, à savoir la chute du régime moribond d’Ali Bongo Ondimba et ses affidés, son maintien jusqu’à ce jour commençait par courroucer les populations.
Pire, il y a quelques jours , les contrevenants à cette mesure exceptionnelle ont subi des humiliations de tous genres et même un risque sévère de contamination de plusieurs affections médicales. Selon de nombreux témoignages des personnes arrêtées cette nuit et plusieurs vidéos circulant sur les réseaux sociaux, il a été donné de constater que plusieurs personnes ont vu leurs crânes être rasés et parfois même blessés par une même lame et la même paire de ciseaux ou un rasoir unique. Tout chose qui constitue une mise en danger manifeste de la vie d’autrui.
Alors que l’accalmie semble régner sur le territoire national, comment expliquer ou justifier ces traitements dans un contexte de cohésion nationale fragile ? Après le décès de Lionel occasionné par les militaires en décembre 2023 à Port-Gentil et les images des compatriotes assis à même le sol crânes rasés qui ont récemment défrayé la chronique, le gouvernement s’est-il senti dans l’obligation de lever ce couvre feu pour calmer la clameur populaire ?
Si avec l’arrivée ce mois des traditionnelles fêtes de fins d’années cette mesure gouvernementale trouve tout son sens, il est évident que les bavures des forces de l’ordre et les dénonciations virulentes de toutes les couches de la société ont sans doute pesé dans la décision prise ce jour.