Libreville, le 30 décembre 2024 – (Dépêches 241). L’image, accompagnée de mille commentaires sur les réseaux sociaux a peut-être fait le tour du monde, celle d’un Alain Claude Bilie By Nze, costume bien ajusté, remettant au Président de la Transition, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, les recommandations de son groupement politique « Ensemble pour le Gabon » au sujet du nouveau code électoral. Et ceux qui commentent cette image en soi n’ont pas tort. Personne, en pertinence, ne dirait que c’est un non évènement, car, l’acte dit au moins trois faits.
Deux affranchis : la photo de Bilie By Nze serrant la main du Général Président, Oligui Nguema, après lui avoir remis les recommandations de son groupement politique Ensemble pour le Gabon donne à penser, en ce qu’elle traduit, au moins sur le plan symbolique, le triomphe de deux affranchis du système institué par Ali Bongo depuis 2009. Deux hommes qui, à n’en point douter, ont pour l’heure, su tirer leur épingle du jeu de pouvoir.
D’un côté son homme de confiance aux yeux du monde, celui qui l’a défendu de son verbe à nulle autre pareille jusqu’au bout. De l’autre côté, son frère et grand garant de la sécurité présidentielle depuis belles lunettes, un temps mis en retrait. Deux gameurs : d’un côté, Alain Claude Bilie By Nze, enfant terrible de la politique Gabonaise, avec son parcours atypique que l’on connaît tous. Sans nom préalable ni richesse financière. De l’autre, un homme, bien que militaire, qui a vécu au cœur du pouvoir depuis plusieurs années.
Tous les deux, au bénéfice de chacun, ont visiblement compris ce qu’il fallait faire : s’opposer politiquement en apparence pour mieux se légitimer mutuellement. Cela ne vise pas vraisemblablement un autre but que celui de se donner du crédit aux yeux des populations. D’un côté l’homme de courage qui assume d’affronter le pouvoir militaire, de l’autre, un homme qui, en dépit de tout, sait s’ouvrir à ses détracteurs, à certains de ses contradicteurs seulement car Hervé Patrick Opiangah ne partagera sans doute pas un tel avis. Les plus anciens savent que cela n’est pas sans rappeler la magistrale pièce de théâtre que nous ont servi les maîtres Paul Mba Abessolo et Omar Bongo en leur temps de gloire.
Deux continuateurs : l’image finalement dit en filigrane ce qui : un moment de mue pendant lequel le système Bongo, comme un serpent, vieux de ses près de soixante ans, se renouvelle. Le fait est que Bilie By Nze et tous ceux qui l’entourent sont en majorité des héritiers de la manière de faire d’Omar Bongo. Oligui Nguema pour sa part ne fait pas mieux que mimer son oncle maternel.
À bien penser, le génie de ses deux hommes posant pour une photo d’anthologie au palais du bord de mer, est d’être parvenu à faire en sorte que le nom Bongo sorte de notre imaginaire et de la scène politique nationale, tout en prenant le plus grand soin de perpétuer son esprit : la puissance du simulacre.