Contribution Foncière Unique : une pression fiscale accrue sur les ménages, mais une réforme des dépenses publiques toujours attendue

Eric Boumah, Directeur Générale des Impôts © DR

Libreville, le 25 avril 2025 – (Dépêches 241). À l’approche de la date limite fixée au 30 avril 2025, la Direction générale des impôts (DGI), dirigée par Éric Boumah, redouble d’efforts pour faire rentrer dans les caisses de l’État la Contribution Foncière Unique (CFU). Cet impôt, instauré en 2022 pour fusionner les anciennes taxes sur les propriétés bâties et non bâties, ne rapporte pour l’instant que 13 milliards de francs CFA. L’objectif affiché : doubler ce montant et atteindre 26 milliards de francs CFA. Mais à quel prix ?

Le taux de formalisation foncière est dramatiquement faible, avec seulement 14 000 titres recensés sur l’ensemble du territoire national. Autrement dit, la majorité des Gabonais, notamment les plus modestes, vivent sur des terres non régularisées et seront tout de même sommés de payer un impôt basé sur l’occupation de longue durée ou la simple jouissance d’un bien public. L’État, au lieu d’améliorer l’accès au titre foncier et de stimuler l’investissement dans le foncier, préfère élargir à marche forcée l’assiette fiscale.

Ce choix soulève une interrogation cruciale : pourquoi le gouvernement cherche-t-il à faire peser davantage la charge fiscale sur les ménages alors même qu’il refuse de rationaliser ses propres dépenses ? Les baux administratifs exorbitants, les subventions sans résultats tangibles, les doublons budgétaires et les institutions pléthoriques continuent de grignoter le budget de l’État, sans remise en question profonde. La gestion budgétaire reste peu orthodoxe, voire clientéliste.

En pratique, la CFU devient un outil d’asphyxie fiscale plutôt qu’un levier de réforme. Elle risque de frapper plus durement les populations vulnérables, notamment les petits propriétaires ou occupants précaires, qui peinent déjà à faire face à la hausse du coût de la vie. Aucun mécanisme d’exonération n’est encore annoncé pour les ménages à faibles revenus. Aucune étude d’impact sérieuse n’a précédé sa généralisation.

Si le gouvernement souhaite vraiment renforcer la mobilisation des ressources internes, il doit d’abord donner l’exemple : assainir ses finances, supprimer les niches inutiles, évaluer les dépenses publiques et rendre des comptes. Autrement, la CFU ne sera qu’un nouvel impôt de trop, perçu comme injuste, arbitraire et sans retombées visibles pour le contribuable.

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