Gabon : Mahamadou Bonkoungou, Tony Elumelu et Henri Claude Oyima, nouveaux argentiers de la présidence ? 

Mahamadou Bonkoungou, Tony Elumelu et Henri Claude Oyima semblent bénéficier d’un statut particulier au sein du nouveau régime ©Montage Dépêches 241

Libreville, le 8 mai 2025 – (Dépêches 241). À Libreville, les grandes manœuvres économiques s’opèrent désormais dans les coulisses du Palais du bord de mer. Trois noms reviennent avec insistance lorsqu’il s’agit d’évoquer les nouveaux visages de l’influence financière auprès du président Oligui Nguema : Mahamadou Bonkoungou, Tony Elumelu et Henri Claude Oyima. Tous trois, figures incontournables de l’Afrique économique contemporaine, semblent avoir conquis la confiance du chef de l’État et s’imposent aujourd’hui comme des partenaires de premier plan de la présidence. 

Mahamadou Bonkoungou, PDG du géant burkinabè EBOMAF, est devenu incontournable dans le secteur des infrastructures au Gabon. Son entreprise rafle une à une les plus grosses commandes de l’État, souvent sans appel d’offres publiques ni réelle transparence. Son omniprésence sur les chantiers stratégiques du pays alimente les suspicions, tant sur les circuits de financement que sur les conditions d’attribution des marchés. Dans les cercles politiques et économiques, l’inquiétude monte autour de cette influence jugée croissante et peu encadrée.

De son côté, Tony Elumelu, président du groupe bancaire UBA, a réussi à s’imposer comme un interlocuteur privilégié du président gabonais. Sa présence répétée à Libreville et ses rencontres avec les plus hautes autorités laissent penser qu’il joue un rôle de plus en plus central dans le montage de partenariats stratégiques. La récente audience au palais, où il a réaffirmé son soutien au développement du Gabon, témoigne d’une proximité nouvelle entre l’homme d’affaires nigérian et le sommet de l’État. 

Henri Claude Oyima, quant à lui, cumule les casquettes. À la tête du puissant groupe bancaire BGFI tout en assumant des fonctions ministérielles, il est aujourd’hui un acteur clé de la politique économique gabonaise. Ce double rôle, à la frontière du public et du privé, soulève de nombreuses interrogations sur les conflits d’intérêts potentiels, d’autant que BGFI reste une institution centrale dans le financement des politiques publiques. 

Ces trois argentiers, bien que venus d’horizons différents, forment désormais un triangle d’influence autour du président. Ils incarnent une nouvelle ère de gestion de la chose publique, dans laquelle les grands groupes privés dictent en partie le tempo du développement. Mais cette concentration de pouvoir financier soulève aussi des inquiétudes, dans un contexte où la transparence et la redevabilité de l’État restent encore fragiles. 

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