Crise post-électorale de 2016: Pas de danse endiablés, rires aux éclats, Ping pense-t-il encore à demander justice pour les morts de son QG ? 

L’ancien Candidat à l’élection présidentielle de 2016 esquissant des pas de danse avec le CTRI semble avoir oublié de faire la lumière sur les tueries de son QG dans le nuit sombre du 30 août 2016  © DR

Libreville, le 30 mai 2025 – (Dépêches 241). Après les révélations faites par Dame Aïcha Tsoumou concernant Alexandre Barro Chambrier, actuel Vice-président du Gouvernement, le Ministre de la Communication et des Médias Paul-Marie Gondjout, son épouse Chantal Myboto et son beau-père Zacharie Myboto, qui auraient sollicité des indemnisations auprès du nouveau pouvoir, Jean Ping, figure centrale de la crise post-électorale de 2016 et présumé vainqueur de l’élection présidentielle de cette année-là, aurait également formulé une demande d’indemnisation auprès des autorités actuelles. Celle-ci viserait à obtenir la réhabilitation de l’immeuble qui abritait alors son Quartier Général. 

Si cette démarche paraît en tout point logique, le fait que l’ancien Président de la Commission de l’Union Africaine n’ait pas insisté pour que le lumière soit faite sur les tueries de son QG, par le biais notamment, d’une Commission-Vérité-Réconciliation, laisse prospérer l’idée qu’il a privilégié ses intérêts personnels au détriment des survivants et des familles des victimes de cette période sombre. Une démarche jugée particulièrement choquante dans l’opinion, surtout de la part de celui qui déclarait vouloir mettre le Gabon « à l’abri du besoin et de la peur ».

Les rescapés et les familles des victimes de la crise post-électorale de 2016, déclenchée par l’annonce de résultats jugés frauduleux ou tronqués par la Commission Électorale Nationale Autonome et Permanente (CENAP), semblent avoir été relégués au rang de simples dommages collatéraux. Les anciens leaders de l’opposition de cette époque, plutôt que de porter la voix des victimes, paraissent aujourd’hui plus préoccupés par leurs intérêts personnels que par l’établissement de la vérité et de la justice. Une situation grave qui met en lumière l’irresponsabilité et l’égoïsme de nombreux hommes et femmes politiques gabonais.

Alors que le coup d’État du 30 août 2023 avait suscité un regain d’espoir chez les victimes, celles-ci ont été profondément déçues en apprenant que les principaux acteurs durant les événements post-électoraux de 2026, au lieu d’œuvrer à la réparation des torts causés aux nombreuses familles gabonaises, se sont empressés de réclamer des compensations personnelles. Certains d’entre eux continuent même aujourd’hui d’exiger des réparations, alors que les victimes vivent toujours dans la douleur, certaines avec des séquelles physiques irréversibles.

Crise post-électorale de 2016: comme Chambrier et les Gondjout/Myboto, Ping aurait lui aussi demandé un dédommagement pour son immeuble

Le comble de l’ironie est survenu lorsque les victimes, dans leurs démarches auprès des autorités compétentes, ont appris que Jean Ping, figure emblématique de cette crise, qui avait appelé la population à défendre sa victoire supposée coûte que coûte, aurait également rencontré les nouvelles autorités. Non pas pour défendre la cause des victimes ou rechercher une solution globale satisfaisante, mais pour plaider uniquement pour la réhabilitation de son immeuble. Un lieu pourtant devenu tristement célèbre, car plusieurs Gabonais y ont trouvé la mort lors de ces événements malheureux.

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Pour Jean Ping, la réfection de son immeuble semble plus urgente et importante que la justice tant attendue par les rescapés et les familles endeuillées. La présidente de l’association « Réconciliation », qui regroupe victimes et familles de victimes, n’a pas manqué d’exprimer son profond dégoût à l’égard de ceux qu’elle qualifie de « manipulateurs politiques ». Certains d’entre eux sont d’ailleurs aujourd’hui membres du Gouvernement. Elle rapporte avoir été reçue par le Directeur des renseignements, qui lui aurait confié: « Ça nous fait mal de savoir que vous vous plaignez, tandis que Jean Ping, qui devait être à vos côtés, a été reçu par le Président de la République et a demandé à être dédommagé pour son immeuble. Uniquement pour lui », a-t-elle fait savoir dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux.

Pour la présidente de ce collectif, une chose est désormais claire: les principaux acteurs politiques de cette époque ne se sont jamais battus pour le peuple, mais uniquement pour leurs propres intérêts. Ils se sont grossièrement servis d’une population qu’ils savaient naïve, et qui avait placé en eux l’espoir d’un véritable changement. Une fois encore, l’histoire politique du Gabon confirme une tendance persistante à la trahison de la part de ceux qui prétendent défendre l’intérêt général, alors qu’en réalité, ils ne cherchent qu’à obtenir un poste ou une faveur dans les hautes sphères de l’État, souligne Dame Aïcha Tsoumou.

Dans ces conditions, il devient urgent que chaque citoyen développe un esprit critique, apprenne à discerner le vrai du faux, et à reconnaître les manœuvres de manipulation orchestrées par ceux qui exploitent sans scrupule la détresse populaire. Les erreurs du passé ne doivent pas être perçues comme des épisodes isolés, mais comme des leçons permettant à chacun d’anticiper les intentions réelles de ceux qui pourraient venir solliciter  leur vote demain. 

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