
Libreville, le 30 mai 2025 – (Dépêches 241). Plusieurs raisons semblent justifier la récente libération provisoire de Sylvia Bongo Valentin et de son fils Noureddin Bongo. Parmi ces raisons, l’apaisement et la stabilité politique sont régulièrement évoqués. Si ces actes relèvent véritablement de la volonté affirmée du nouveau Chef de l’État d’éviter les rancœurs entre Gabonais, il va de soi que le Président Brice Clotaire Oligui Nguema doit poursuivre dans cette voie, en procédant également à la libération diligente de Kelly Ondo, dont l’incarcération ne se justifie plus, et en garantissant le retour sécurisé de Hervé Patrick Opiangah dans sa terre natale dont les poursuites objectivement ne reposent sur aucune base légale. Ces gestes contribueraient grandement à la matérialisation de la vision de « Réconciliation et de Pardon nationale », entre les Gabonais.
L’histoire politique gabonaise démontre que ce pays entretient une relation quasi-fusionnelle avec la paix. Du président Léon Mba à Omar Bongo Ondimba, en passant par son fils Ali Bongo Ondimba, jusqu’à l’actuel Président de la République, Chef de l’État et chef du Gouvernement, Brice Clotaire Oligui Nguema, la paix et la stabilité ont toujours été des piliers essentiels de l’évolution et de l’action politique du Gabon. Toutefois, ce choix de la paix s’accompagne parfois d’un prix élevé, pouvant aller jusqu’à sacrifier une part de sa propre crédibilité politique, face à une opinion publique qui ne dispose pas toujours des outils nécessaires pour comprendre toutes les implications des décisions prises. C’est pourquoi, pour ne pas frustrer les populations, certains dirigeants préfèrent garder le silence, au lieu d’adopter une communication pleinement transparente. L’objectif étant, au fond, de préserver ce bien inestimable qu’est la stabilité politique et sociale, afin de permettre à chaque citoyen gabonais de vaquer en toute quiétude à ses occupations quotidiennes.
Selon certaines analyses émanant d’observateurs politiques expérimentés, c’est au nom de cet idéal de stabilité que Sylvia Bongo Valentin et son fils Noureddin Bongo auraient été libérés sous conditions. Après le coup d’État qui a mis fin au régime d’Ali Bongo Ondimba, la période d’incertitude qui s’en est suivie, et l’élection présidentielle ayant abouti au plébiscite du Président Oligui Nguema, de nombreux sacrifices ont été consentis, tant pour préserver la paix sociale que pour rassurer les partenaires économiques internationaux, souvent méfiants envers les régimes issus de changements anticonstitutionnels.
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C’est donc dans cette optique, avec le soutien de ses homologues de la sous-région et en réponse aux recommandations de plusieurs organismes africains et internationaux dont le Gabon est membre, que le Chef de l’État a consenti à une décision de justice fondée sur des raisons humanitaires, notamment la détérioration de l’état de santé de l’ancienne première dame du Gabon et de son fils. Dans le même élan, le Président aurait également accédé à la requête de son homologue angolais, en autorisant le départ de l’ancien Chef d’État Ali Bongo et de sa famille vers Luanda.
Cela dit, si les actions du Président Brice Clotaire Oligui Nguema apparaissent louables et dictées par un sens élevé de la responsabilité et des engagements du Gabon sur la scène internationale, il est impératif qu’il manifeste cette même attention à l’égard de ses concitoyens. Ces gestes forts du début de mandat ne peuvent viser uniquement à rassurer l’opinion internationale. Ils doivent également répondre aux attentes de l’opinion nationale. Car la paix recherchée doit d’abord bénéficier aux Gabonais eux-mêmes. À ce titre, le Président gagnerait à profiter de ce climat favorable pour libérer son frère d’armes Kelly Ondo et réunir les conditions nécessaires au retour sécurisé de Hervé Patrick Opiangah.
La libération de Kelly Ondo s’impose pour des raisons politiques, sociales et humanitaires. Certes, la tentative de coup d’État n’a pas abouti aux résultats escomptés, mais elle a ouvert la voie à la chute d’un régime marqué par la gabegie financière, la cupidité, les détournements de deniers publics et l’enrichissement personnel. Dès lors, continuer à maintenir en détention une figure perçue par beaucoup comme un héros ne se justifie plus. Sa libération, même conditionnelle, serait un geste salutaire.
Par ailleurs, le Président Oligui Nguema, en sa qualité de Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, devrait, s’il ne peut imposer une lecture stricte du droit dans l’affaire politico-judiciaire de Hervé Patrick Opiangah, au moins garantir son retour sécurisé au Gabon. Il s’agit là d’une décision juste et nécessaire, car Opiangah est, quoi qu’on en dise, un frère gabonais qui a largement contribué à la chute du régime d’Ali Bongo Ondimba. De surcroît, plus de 6 000 Gabonais, employés au sein des entreprises de la holding HPO, sont aujourd’hui en situation de chômage forcé depuis plus de six mois. Une aberration, au regard de l’ambition affichée du Président de restaurer la dignité des Gabonais. La paix sociale, la stabilité politique et économique chères au Chef de l’État passent donc par des décisions courageuses et symboliques. L’unité nationale et la réconciliation ne peuvent être atteintes sans la participation de tous.
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C’est pourquoi il est à encourager vivement le Président de la République, Chef de l’État, Chef du Gouvernement, Brice Clotaire Oligui Nguema, à ne pas s’arrêter en si bon chemin. Si, comme cela semble être le cas, ses récentes décisions témoignent de son attachement sincère à la paix et à la stabilité du Gabon, alors il est urgent de permettre à Hervé Patrick Opiangah de rentrer dans son pays et de reprendre ses activités économiques. De même, Kelly Ondo doit retrouver la liberté et rejoindre sa famille. La Ve République ne peut être le terreau de nouvelles injustices, ni le siège de la manipulation de l’opinion publique, de la violation de l’Etat de droit et de la fabrication de la rancœur. Le prix à payer pour une paix durable et une stabilité politique authentique, c’est l’équité, la justice, l’inclusion, le pardon et la réconciliation.