63 milliards évaporés dans les 9 provinces: doit-on se contenter de l’argument du « ballon d’essai » évoqué par Oligui Nguema ?

L’argument cynique et surréaliste du ballon d’Essai pour justifier l’utilisation de 63 milliards affectés sans contrôle aux 9 provinces ne passent pas auprès de l’opinion © DR

Libreville, le 4 juin 2025 – (Dépêches 241). Deux ans après l’annonce triomphale du Président Brice Oligui Nguema, la promesse de 7 milliards de francs CFA attribués à chacune des neuf provinces gabonaises pour leur développement local reste un mirage. Ce qui devait être un souffle d’espoir pour les populations rurales et urbaines s’est transformé en un silence assourdissant, une énigme financière qui interroge la gestion publique et la transparence de la Transition.

En pleine période de Transition, Oligui Nguema avait fait de ce geste un symbole fort : injecter 63 milliards de francs CFA dans les provinces pour dynamiser l’économie locale, créer des emplois, et bâtir des infrastructures de base. L’annonce avait été faite en grande pompe, avec des remises de chèques symboliques aux représentants provinciaux, suscitant un vent d’optimisme palpable chez les habitants. Mais très vite, les doutes ont émergé, notamment face à la mise en scène des personnalités proches de l’ancien régime exhibant ces chèques, comme un trophée.

Un engagement ambitieux, une attente déçue

Aujourd’hui, le bilan est accablant : aucune entreprise locale notable n’a vu le jour, aucun chantier d’infrastructure n’a été lancé, et les indicateurs sociaux restent au rouge. Le « ballon d’essai » évoqué par le Président, une expression qui aurait pu être une métaphore d’expérimentation, sonne ici comme une dérision cynique. Car un ballon d’essai à 63 milliards de francs CFA, dans un pays où la pauvreté et le chômage sont des réalités criantes, c’est un luxe que les Gabonais ne peuvent se permettre. Surtout lorsque dans le même temps, le pays a lancé un emprunt obligataire « EOG 2025 à tranches multiples », d’un montant global de 85 milliards de FCFA sur le marché régional. 

Où est passé l’argent ?

Cette situation soulève une question cruciale : où est passé cet argent public ? Le flou autour de la gestion de ces fonds alimente une défiance grandissante envers les autorités. L’absence de rapports clairs, d’audits indépendants ou d’enquêtes transparentes renforce le sentiment d’opacité et d’impunité.

Une gouvernance à repenser

Au-delà de la simple question financière, ce fiasco met en lumière un problème plus profond : la gouvernance et la responsabilité dans la gestion des ressources publiques. L’attribution unilatérale de ces fonds, sans consultation ni implication réelle des acteurs locaux, a privé les provinces d’une appropriation effective et d’un suivi rigoureux des projets.

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Le Président Oligui Nguema, qui se présente comme un homme de rigueur, se doit aujourd’hui de répondre clairement aux Gabonais. La transparence et la reddition de comptes ne sont pas des options, mais des impératifs pour restaurer la confiance et éviter que ce qui devait être un levier de développement ne devienne un « éléphant blanc » de plus.

Conclusion : un appel à la vigilance citoyenne

Le Gabon est à un tournant. Les 63 milliards attribués aux provinces ne doivent pas rester un mystère ni un symbole d’échec. Ils doivent être le point de départ d’une exigence collective de transparence, d’efficacité et de justice sociale. Les citoyens, la société civile et les médias ont un rôle crucial à jouer pour que cette manne publique serve enfin son objectif : améliorer concrètement la vie des Gabonais, dans toutes les provinces du pays. Où sont passés les 63 milliards ? 

Cette question reste ouverte, mais elle ne doit plus être ignorée. Le Gabon mérite des réponses claires et des actes à la hauteur des promesses.

One Commentaire

  1. Moïse OUSSA-LOUETSI

    Je plussoie totalement votre analyse critique . Il faut effectivement que la lumière soit faite sur cette affaire des 7 milliards par province. Le Président de la République a connu un fort soutien lors de la récente élection en raison des espoirs que la population a mis en lui. Il s’est présenté et nous a été vendu comme étant un homme rigoureux venu rompre avec les méthodes archaïques qui ont maintenu le pays dans une situation de paupérisation indéniable et étouffante. Si l’homme annoncé de la rupture nous joue la même mélodie endormante que le pouvoir dit déchu, combien grande sera la désillusion de ce peuple affamé et qui trop tôt aura crié « Vive le changement! ».
    Que le Président Oligui ne fasse donc pas la sourde oreille. Qu’il entende les revendications des populations au sujet de cette prétendue manne exhibée à la télévision pour donner une cure de jouvence à chaque province.
    Par ailleurs, certains entrepreneurs adjudicataires des marchés prétendent n’avoir jamais reçu la totalité des fonds promis. Plusieurs sons de cloches!
    Le peuple réclame la lumière et veut rompre avec les pratiques obscurantistes d’antan. Que le tombeur du jeu entre « copains et coquins » prenne la mesure de la chose et diligente de réels audits suivis de vrais cas d’arrestation…

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