
Libreville, le 9 août 2025 – (Dépêches 241). Au Gabon, la forêt ne serait pas le seul patrimoine à se dégrader : le ministère des Eaux et Forêts, censé en être le gardien, vit actuellement une mise en quarantaine sociale, entre agents en grève et hiérarchie fantomatique. Depuis ce 4 août, les agents du Syndicat national des professionnels des Eaux et Forêts (Synapef) font entendre un cri de révolte qui traverse les couloirs officiels comme un vent d’arbres morts.
Tout commence par une mésaventure matinale presque kafkaïenne : le président du Synapef, Unsele Bithégué, enfermé au poste de contrôle ministériel après un simple échange musclé avec des responsables. Épisode qualifié par ses collègues de véritable humiliation, surtout après des mois de silence à dormir au pied des arbres sans aucune réponse des autorités.
Les revendications ? Rien que le strict minimum : des conditions de travail dignes de ce nom, pas une aventure dans la jungle administrative. Les agents réclament des infrastructures décentes, des latrines qui ne sentent pas la forêt en décomposition, du matériel didactique, des véhicules en état de marche — parce que, semblerait-il, les deux bus affectés sont aussi partis en « retraite forestière ». Sans oublier un sujet explosif : le non-paiement de cinq trimestres de primes, un fait vécu comme un coup de hache dans les droits des travailleurs.
Face à ce mutisme bureaucratique, le Synapef ne fait plus dans la demi-mesure : une assemblée générale le 6 août et une marche – pacifique, mais tendue – vers la Primature sont annoncées, histoire de réveiller un ministre qui semble, soit perdu dans la forêt, soit très occupé à croire que ses agents crient dans le vide.
Le ministre lui-même, selon plusieurs sources, aurait claqué la porte face aux revendications, qualifiées de « distrayantes et irréalistes » – une pique à peine camouflée qui rappelle les flèches plantées dans le bois de la frustration syndicale. Le dialogue social ? État quasi végétatif. Les promesses verbales, elles, ont fait long feu face aux réalités de terrain.
Dans ce scénario digne d’une tragédie écologique, le ministère en question risque de devenir la plus grande réserve naturelle… d’irrespect et de gestion approximative. Rappelons qu’il s’agit d’un secteur clé pour l’économie gabonaise et la protection de l’environnement, aujourd’hui menacés par une crise sociale qui, si elle n’est pas réglée rapidement, pourrait faire sombrer la filière dans un chaos bureaucratique aussi dense que la forêt équatoriale.
À suivre donc, cette épopée à la fois burlesque et dramatique d’un ministère qui lutte, non pour sauver la forêt, mais pour exister dans cette jungle administrative où le silence est roi et où la seule « prime » payée est celle de la désillusion.







