
Libreville, le 13 août 2025 – (Dépêches 241). Plus de deux ans après le drame qui avait bouleversé l’opinion publique, le procès du naufrage de l’Esther Miracle s’est ouvert le 13 juin dernier à Libreville. Cette catastrophe maritime, qui avait coûté la vie à de nombreuses personnes, plongé des familles entières et la dans le deuil, arrive enfin devant la justice. Les proches des victimes espèrent que cette procédure permettra de faire toute la lumière sur les circonstances du naufrage et d’identifier clairement les responsabilités. Toutefois, ils devront encore patienter et ne peuvent guère compter définitivement sur la mise en cause des membres du gouvernement en fonction au moment des faits.
La tragédie de l’Esther Miracle est la plus grande tragédie maritime dans l’histoire récente du Gabon. Dans la nuit du 9 mars 2023, le ferry appartenant à la compagnie Royal Coast Marine quittant Libreville pour Port‑Gentil a chaviré en mer aux environs de 3 heures du matin. À bord se trouvaient des centaines de passagers. Le bilan officiel a fait état d’une trentaine de personnes décédées ou portées disparues.
Le procès a débuté le 13 juin. Lors de l’audience du 26 juillet dernier, Maître Nzigou, avocat des victimes, a invité le tribunal correctionnel de Libreville à examiner la possible implication de deux membres du gouvernement de l’époque en tant que partie civilement responsable. Le verdict avait été annoncé pour le 7 août 2025.
Les familles des victimes appelées à patienter davantage avant le verdict final
La décision du Tribunal correctionnel concernant l’affaire Esther Miracle a une nouvelle fois été repoussée. Initialement prévue pour hier, l’audience a été renvoyée à la prochaine rentrée judiciaire. Il s’agit du troisième report dans l’examen au fond de ce dossier. Dans un arrêt transmis aux parties, le Tribunal précise : « Le Tribunal renvoie la cause et les parties à la deuxième audience correctionnelle après la rentrée judiciaire pour régularisation de la procédure ». Le verdict est désormais attendu pour la reprise des audiences, prévue en octobre 2025.
Bilie By Nze et Paillat Paillat protégés par les juges ?
L’avocat des ayants droit des victimes, Me Anges Kevin Nzigou, a sollicité le parquet afin que deux anciens membres du gouvernement soient appelés à témoigner dans l’affaire en cours : Alain Claude Bilie By Nze et Brice Paillat. D’après Me Nzigou, leurs dépositions sont essentielles pour éclaircir les circonstances dans lesquelles un navire « en état manifestement défectueux » a pu être autorisé à prendre la mer, en violation flagrante des normes élémentaires de sécurité maritime.
Cependant, le 7 août, le tribunal correctionnel de Libreville a rejeté cette demande de comparution, considérant qu’il n’était pas pertinent d’entendre ces deux personnalités dans le cadre de la procédure en cours. Par ailleurs, le tribunal a également refusé d’accorder une libération provisoire aux dirigeants de la société Royale Coast Marine, incarcérés depuis plus de 18 mois. Pourtant, l’article 134 du Code de procédure pénale fixe la durée maximale de détention provisoire en matière correctionnelle à dix-huit mois.
Ce procès, très attendu tant par les familles des victimes que par une large partie de l’opinion publique, suscite déjà de nombreuses interrogations. Ceux qui espéraient un processus judiciaire impartial et équitable commencent à douter, tant les décisions du tribunal apparaissent, à bien des égards, difficiles à comprendre. Voilà plus de deux ans que les familles endeuillées attendent que justice soit rendue. Les magistrats, eux, ont eu tout ce temps pour se préparer. Pourtant, après avoir entretenu un semblant d’espoir, le tribunal correctionnel ne cesse de reporter les audiences, alimentant l’incompréhension et la frustration.







