
Libreville, le 7 octobre 2025 – (Dépêches 241). Rien ne semble pouvoir freiner les excès d’une ministre décidément habituée aux polémiques. Laurence Ndong, actuelle ministre de la Pêche et de l’Économie bleue, est de nouveau dans la tourmente. Une plainte formelle déposée auprès du Directeur général des Services spéciaux l’accuse « d’abus d’autorité, d’ingérence illégale dans un Groupement d’Intérêt Économique (GIE) et de fausse déclaration publique ». Des faits graves qui, s’ils sont avérés, viendraient ternir encore davantage l’image déjà controversée de celle qui se présentait naguère comme une militante de la transparence et de la bonne gouvernance.
Au cœur du scandale : la destitution arbitraire de M. Herman Omanda Wekelia, administrateur directeur général légalement nommé d’un GIE reconnu par l’ANPI. Sans consultation, ni assemblée générale, ni fondement juridique, la ministre aurait ordonné sa révocation et désigné un nouveau dirigeant, en toute illégalité. Cette manœuvre autoritaire, contraire à l’Acte uniforme de l’OHADA, expose la ministre à de lourdes accusations d’ «abus manifeste de pouvoir ». Dans un État de droit, de tels actes relèvent d’un déni des règles élémentaires de gouvernance et d’une atteinte directe à la sécurité juridique des opérateurs économiques.
Mais la dérive ne s’arrête pas là. Lors d’une opération publique de GAB-Pêche, organisée le 9 septembre dernier sous les couleurs de la République, Laurence Ndong aurait gonflé les chiffres des résultats de pêche. Devant caméras et micros, la ministre a fièrement annoncé un débarquement de « 2 400 kg, puis 3 tonnes de poissons », alors que « les données techniques officielles n’en comptabilisaient que 1 665 kg », soutient l’accusation. Une falsification publique reprise sans vérification par plusieurs médias nationaux, propageant ainsi une « désinformation d’État ». Une manipulation grossière, symptomatique d’une gouvernance obsédée par l’image, au détriment de la vérité.
Ce n’est pas la première fois que la ministre est accusée de pratiques troubles. Déjà, lorsqu’elle dirigeait le ministère de la Communication et des médias, Laurence Ndong avait été mise en cause par les patrons des médias privés pour une gestion opaque de la subvention publique aux organes de presse. Les menaces de poursuites judiciaires avaient été suspendues « pour préserver la transition », mais les soupçons, eux, n’ont jamais disparu. L’actuelle affaire GAB-Pêche semble confirmer un schéma de gestion caractérisé par la confusion entre pouvoir politique et administration personnelle.

Ce nouvel épisode révèle un mépris inquiétant pour les réformes économiques promises par les plus hautes autorités. En fragilisant les structures de pêche censées autonomiser les jeunes Gabonais et faciliter à cette denrée au plus grand nombre, la ministre sape les efforts de diversification de l’économie et compromet les espoirs d’un secteur bleu émergent. Derrière cette ingérence illégale, pourrait se dessiner la main d’un clan plus soucieux de préserver ses privilèges que de construire le bien commun. Une logique de prédation politique et économique qui perpétue le chômage et la dépendance des jeunes, tout en nourrissant les réseaux d’influence internes au régime.
Qu’elle ait changé de ministère ne change rien à l’affaire : Laurence Ndong semble prisonnière d’une même logique de pouvoir, où l’autorité se confond avec l’arbitraire, et la communication avec la manipulation. De la Communication à la Pêche, le fil rouge reste celui du mensonge politique et du mépris du citoyen. Tant que la justice et les organes de contrôle resteront tétanisés face aux membres du gouvernement, le slogan de « rupture » de la transition demeurera un leurre. Et les promesses d’un État de droit, un simple ornement sur les discours officiels.







