L’église à l’école

l’église s’invite insidieusement dans les écoles ©DR

Libreville, le 6 décembre 2021 (Dépêches 241). La prégnance du fait religieux dans la société gabonaise a suscité l’intérêt de notre éditorialiste, qui nous livre une analyse. Lecture 

On croyait l’histoire faite. On croyait le fait révolu, appartenant à un autre temps. On pensait que l’école publique était de droit la propriété de la République en tant qu’elle a le devoir de garantir et de maintenir le principe de laïcité par lequel l’espace public se trouve libéré de la confession et de la pratique de nos religions en les maintenant dans la sphère de la vie privée. Mais en 2021 encore, dans nos écoles, on trouve partout des cellules de prière. Souvent d’obédience chrétienne, particulièrement des courants dits du réveil, elles se montrent crânement et de manière complètement véhémente au vu et au su de tous. Au Lycée Technique National Omar Bongo (LTNOB) le fait est banal et ne semble gêner personne. Et c’est principalement cela qui interpelle. 

Comment peut-on, dans un établissement public, de surcroît laïc, accepter que les matinées se transforment en moments de culte ? Que les prières et les chants de louange à voix haute remplacent l’hymne national ? Visiblement, le fait est qu’à l’inattention et à la complaisance des responsables d’établissements à qui revient le devoir d’interdire ces impostures, s’ajoute l’ignorance des élèves qui se croient en droit de pratiquer leur religion même en milieu scolaire. 

Certainement, ne mesurent-ils pas toujours la violence dont ils font montre à l’égard des autres dans cet espace partagé et placé sous l’autorité de la loi républicaine. Elle qui oblige au respect des autres et de leurs croyances. Cette posture s’appliquant d’ailleurs, sauf erreur, aux établissements confessionnels où l’adhésion aux pratiques cultuelles n’est pas contraignante. C’est la raison pour laquelle, même sans être un adepte de la religion tutélaire sous laquelle se trouvent ces écoles, on peut y scolariser les enfants de la République.    

 Mais au-delà de ce qui précède, ce fait dit l’état maladif de notre société. Car, il traduit avec une assez grande clarté le remplacement des idéaux républicains par ceux de la religion plus enclins à apaiser notre jeunesse de ces multiples souffrances. Il donne à voir que les idéaux de la République à l’école ne parviennent plus à leur fin.  Preuve s’il était nécessaire de ce que l’école de la République a failli, elle que l’incompétence et le manque de patriotisme ruinent et continuent de ruiner…           

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