Libreville, le 11 mars 2022 (Dépêches 241). Parmi les personnalités maintenues dans le gouvernement Ossouka Raponda II dévoilé mardi dernier, figure Vincent de Paul Massassa, le ministre du Pétrole et des Hydrocarbures qui, en septembre 2021, s’était retrouvé au cœur d’un scandale, lorsqu’il avait fait parvenir au cabinet du Premier ministre une mallette contenant la bagatelle de 295 millions FCFA. Mallette que Rose Christiane Ossouka Raponda avait refusé, avant de s’insurger et de dénoncer cette pratique peu orthodoxe en conseil des ministres.
L’affaire avait fait grand bruit. Nous sommes en septembre 2021, lorsque plusieurs médias, dont le très célèbre Jeune Afrique, révèlent que le ministre du Pétrole et des Hydrocarbures, Vincent de Paul Massassa aurait fait parvenir au cabinet du Premier ministre, une mallette «occulte», contenant un montant estimé à environ 295 millions de FCFA. Ladite mallette aurait été refusée par Rose Christiane Ossouka Raponda, qui avait par ailleurs dénoncé cette pratique hideuse, lors d’un conseil des ministres, en insistant sur « la persistance des mauvaises pratiques au sein du gouvernement. Et de révéler, à titre d’exemple, qu’un ministre a tenté de faire déposer des sacs de billets à son cabinet » avait-t-on pu lire dans Jeune Afrique.
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La révélation de cette affaire dans la presse avait soulevé une vague d’indignation. La société civile dans son ensemble, avait condamné l’acte de Vincent de Paul Massassa assimilé à une tentative de corruption, d’achat de conscience, voire une velléité de blanchiment de fonds. Des faits d’une extrême gravité, qui poussent les corps intermédiaires à exiger la démission du ministre du Pétrole. Lequel, en sa qualité de membre du gouvernement est soumis à un devoir d’exemplarité, qui doit se matérialiser par une gestion parfaitement orthodoxe de la chose publique.
Seulement, à rebours de toutes les dénonciations publiques, en dépit de la politique de tolérance zéro en matière de corruption clamée à hue et à dia par le ministre de la Bonne gouvernance Francis Nkea Ndzigue, Vincent de Paul Massassa sera maintenu au gouvernement, avant d’être reconduit dans ses fonctions, lors du remaniement qui a eu lieu mardi dernier, alors que personne ne vendait très chère de sa peau. De quoi susciter de nombreuses interrogations dans l’esprit du citoyen lambda.
Au sortir de l’opération Scorpion, du nom du scandale politico-financier qui avait ébranlé la République fin 2019, le président de la République, Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba avait décrété la politique de la tolérance zéro contre les crimes financiers et leurs auteurs. Pour matérialiser cette politique, le numéro un Gabonais avait choisi Francis Nkea Ndzigue qui, par le truchement du ministère de la lutte contre Corruption et l’enrichissement illicite, devait traquer sans complaisance les délinquants financiers.
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Au regard de l’affaire Massassa, elle-même condamnée par la Cheffe du gouvernement Rose Christiane Ossouka Raponda, qu’est ce qui justifie l’apathie et l’inaction de celui qui avait pourtant déclaré « la fin de la récréation » ? Francis Nkea Ndzigue serait-il prompt à se déployer uniquement lorsqu’il s’agit de petits délinquants, pour se débiner et se tapir face à ses collègues du gouvernement ? Ce d’autant que le ministre chargé de la lutte contre la Corruption, était déjà resté étrangement muet, dans l’affaire des cliniques mobiles payées par l’Etat sous le magistère de Denise Mekam’ne au ministère de la Santé. Lesquels cliniques mobiles n’avaient jamais été intégralement livrées en dépit des fonds décaissés pour leur achat.
Au final, cette affaire pose inéluctablement la problématique de l’opérationnalité du ministère de la lutte contre la Corruption et de la bonne gouvernance qui semble incapable de remplir ses missions essentielles. Elle pose en outre la question de la teneur, de la valeur et du crédit de la politique « Tolérance Zéro » ordonnée par le président de la République mais inappliquée par les collaborateurs qu’il a choisi pour mettre en orbite et en relief sa vision pour le Gabon.