Libreville, le 03 août 2022-(Dépêches 241). Le pouvoir judiciaire en liaison incestueuse avec l’exécutif, est mis sur le banc des accusés par plusieurs observateurs du Landerneau politique et social. Conséquence : cette guerre d’influence pèse manifestement sur le passage à la barre des « BLA Boys », accusés de détournement des fonds publics et dont les peines prononcées sont aussi lourdes les unes que les autres.
Après Patrichi Tanassa et Ike Ngouoni, le passage des « BLA Boys » devant la cour criminelle spéciale se poursuit. Le mercredi 03 août s’ouvre à Libreville, le procès de Renaud Allogho, ancien patron de la Cnamgs, lui aussi accusé de détournement de deniers publics. Depuis plusieurs semaines, ces procès cristallisent toutes les attentions, quoique plusieurs observateurs prédisent des issues sans grandes surprises. Peines lourdes, procès bâclés et expéditifs, pilotés par des donneurs d’ordre tapis dans les arcanes du pouvoir.
C’est en effet ce que croit savoir Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, inspecteur des Finances et acteur politique de l’opposition. Dans une tribune publiée dans la presse locale, ce dernier tient les magistrats pour responsables de ces dérives judiciaires. « Les juges condamnent à travers des procès bâclés comme jamais sur instruction de cette même hiérachie », pointe-il.
Mais dans le fond, c’est clairement le pouvoir qui est pointé du doigt, accusé d’affamer le corps judiciaire, afin de le manipuler à souhait. Dans une interview accordée au média Info241 en octobre 2021, Germain Nguema Ella, président du syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag), s’alarmait de la précarité des magistrats : « Il faut mettre les magistrats gabonais à l’abri du besoin », s’écriait-il. De quoi conforter la position du Copil citoyen qui dénonce une corruption active au sein du pouvoir judiciaire.
Du coup, le procès des « BLA Boys », aux allures de règlement de compte entre actuels et anciens régents du pouvoir, surfe sur les faiblesses d’une justice en liaison incestueuse avec le régime actuel. « La justice les condamne aujourd’hui, en se servant de magistrats eux aussi convaincus qu’en traduisant les instructions de leur hiérarchie ils ne font que leur travail. », regrette Jean Gaspard Ntoutoume Ayi.