Libreville le 3 août 2022 – ( Dépêches 241). En audience avec le premier ministre, Chef du gouvernement, Rose Christiane Ossouka Raponda, le président de la République Ali Bongo Ondimba s’est une énième fois borné à sommer la première citée d’accélérer la cadence des chantiers en vue d’acter la matérialisation du Plan d’Accélération de la Transformation (PAT). Une sommation, une de plus, une de trop, comme si face à son gouvernement lequel doit appliquer ses instructions, le fils d’Omar Bongo n’a plus aucune autre arme exceptée celle de se vautrer naïvement dans des injonctions creuses et vaines qui ne semblent ni suivies, ni prises au sérieux et encore moins considérées et appliquées.
Le président de la République Chef de l’Etat a-t-il encore autorité sur le gouvernement ? Légitimement, cette question ne devrait ni choquer, ni provoquer l’ire des locataires du Palais du bord ou encore de la Primature, en celle qu’elle a le mérite de soulever un problème de fond qui concours à l’impopularité périodique d’Ali Bongo Ondimba et de ses relations parfois conflictuelles avec une frange de sa population. Cette question n’est tout autre que celle du procès en incompétence du gouvernement Ossouka Raponda, lequel a pour corollaire le choix des hommes pour faire appliquer sa politique.
Ce lundi 1er août, Ossouka Raponda a été reçue en audience à la présidence de la République par Ali Bongo Ondimba. Au cours de cette audience le numéro un gabonais a intimé l’ordre à la locataire de la Primature « d’accélérer la dynamique de la transformation de l’économie et de fournir beaucoup plus d’efforts dans le cadre des projets initiés sous son impulsion » car aux dires de cette dernière « Selon, le chef de l’État, les projets [initiés dans le cadre de ce plan] n’avancent pas très vite », a-t-elle déclaré.
Si la normalité, du fait de sa fonction, commande à Ali Bongo Ondimba de prendre de telles initiatives vis à vis de son premier ministre, l’anormalité dans son approche se donne à lire par la redondance et la répétition de ces sommations qui manifestement, entrent dans l’oreille d’un gouvernement sourd et inapte. D’un Chef du gouvernement et d’une équipe gouvernementale inconséquents donnant ainsi l’impression de ne pas avoir pour priorité la matérialisation des instructions d’Ali Bongo Ondimba.
Car ce n’est pas la première fois que le Chef de l’Etat demande au gouvernement de presser le pas dans la réalisation des « des projets à fort impact social pour les populations, entre autres, l’aménagement des voiries urbaines et la réhabilitation des réseaux électriques sur l’ensemble du territoire national ». En visite le 10 avril dernier dans les rues de la capitale, pour s’assurer de la réalisation et de l’avancée des travaux de réhabilitation des routes, Ali Bongo Ondimba avait déjà déclaré. « J’ai demandé au Gouvernement d’accélérer la cadence ».
5 mois après, c’est toujours avec le même langage, sur le même sujet, à la même personnalité, que le président de la République adresse cette recommandation au point de renvoyer l’image à ses populations d’un homme qui n’est bon que pour les sommations qui ne sont accompagnées d’aucune mise en application concrètes. Ali Bongo Ondimba par cette attitude permissive qui frôle la complaisance et le laxisme fait prospérer l’idée d’un Chef dont les subordonnées désinvoltes à souhait, n’ont ni craintes, ni respects au point de bafouer et galvauder ses instructions.
Ali Bongo Ondimba l’a peut-être omis mais il est le président de la République Gabonaise, la clé de voûte des institutions de la République, le chef suprême des armées. La Constitution gabonaise fait de lui le « détenteur suprême du pouvoir exécutif ». Seul doit primer l’intérêt supérieur de la Nation et pour cela, en vertu de ses pouvoirs, en l’absence de résultats, au lieu de sommer simplement, le « chef » qu’il est doit sévir et prendre des mesures de coercition à l’endroit de « la reine des Mpongwé » et de certains de ses ministres qui ne semblent pas être s’inscrire dans le même sillage que lui.
Comme le disait Jacques Chirac, ancien Chef de l’Etat français. « Un président décide et son ministre exécute ». Ali Bongo Ondimba aurait meilleure idée de faire preuve de fermeté et d’intransigeance en prenant des mesures à la hauteur des enjeux du PAT. Faire prospérer ce laxisme au sommet de l’Etat, c’est faire le lit à toutes les supputations, à tous les questionnements comme ceux qui se demandent à tort ou à raison qui « dirige le Gabon ? ».