Libreville, le 10 octobre 2022 – (Dépêches 241). Privés de subvention depuis de nombreuses années, plusieurs partis politiques de l’opposition peinent à exister. Si certains dénoncent « un scandale politique », d’autres appellent à la clarification des modalités de financement de la vie politique au Gabon.
À moins d’un an des élections générales au Gabon, la question du financement des partis politiques se pose avec acuité. Pour cause, depuis 2015, l’État n’accorde plus de subvention aux formations politiques en violation flagrante de l’article 52 de la loi sur les partis politiques en République gabonaise qui dispose que : « l’État a obligation d’accompagner les partis politiques légalement reconnus et représentés au Parlement par au moins un député ou un sénateur, ou disposant au moins d’un élu. », peut-on lire.
Du coup, dans les rangs de l’opposition, c’est la levée des boucliers. A la faveur d’une récente d’une récente sortie, le Parti Social Démocrate (PDS) par la voix de son vice-président Didier Taba Ondounga a dénoncé cette précarisation des partis politiques qu’il qualifie d’ailleurs de « scandale politique ». Dans le même temps, ce dernier pointe une inégalité manifeste entre les écuries de l’opposition et le parti au pouvoir qu’il accuse implicitement de puiser ses fonds dans les caisses de l’État. D’où l’appel à la clarification des modalités de financement de la vie politique lancé par l’Union nationale au lendemain de l’interpellation de Guy Nzouba Ndama en provenance du Congo avec par devers lui la bagatelle somme de 1,90 milliard de Fcfa supposément destinés à soutenir financièrement sa formation politique à quelques mois des échéances électorales.
Pour avoir atteint le cœur du pouvoir, peut-on l’affirmer, l’ancien premier ministre Raymond Sima est plus explicite sur le financement des candidats du parti de masse prenant part aux élections. « Quand le parti au pouvoir donne quarante millions à chacun de ses candidats pour battre campagne, personne ne lui demande quelle est l’origine de cet argent, les services d’investigation ne perquisitionnent pas ce parti pour lui demander mais ils sont sur le terrain pour accueillir le chef d’un parti de l’opposition qui va chercher ce dont il a besoin pour conduir son action. » s’est-il fondu dans un libre propos commentant ce qui a été qualifié de l’affaire Nzouba Ndama.
Le moins que l’on puisse dire, est que cette précarisation des partis politiques ne favorise pas l’expression de la démocratie nonobstant la pluralité des formations politiques. Car de toute évidence, pour une implantation à l’échelle nationale, mener une campagne électorale et peser sur la scène politique, tous les partis ont besoin de financement. Lorsqu’ils en sont sciemment privés, l’on peut parler de coup porté à la démocratie. En faut-il qu’elle existe vraiment car pour beaucoup, la démocratie au Gabon n’est qu’une question de notion et non de fait.