Libreville le 19 octobre 2022 – ( Dépêches 241). Évincé de façon humiliante le 12 septembre dernier, après la dissolution du département ministériel des Travaux publics dont il avait la charge, Léon Armel Bounda Balonzi a été placardé au poste de président du Conseil d’Administration du Font Autonome d’entretien routier (FANER) à l’issue du conseil des ministre du 12 octobre. Une nomination curieuse pour un homme dont a fait présumer l’échec et l’incompétence dans son ministère.
« Les mauvaises habitudes ont la dent dure » est un adage populaire utilisé pour parler de quelque chose qui perdure, qui a du mal à disparaître telle que les mauvaises habitudes ou les préjugés. Il est connu de notoriété publique que dans l’administration de Bongo Père de laquelle son fils Ali Bongo Ondimba s’est bien inspiré, il faut nécessairement « caser », pour ne pas dire trouver un point de chute à une personnalité du régime qui se sera illustré qui par son incompétence, qui par sa gloutonnerie financière en détournements des fonds publics.
C’est ainsi que le 12 février 2019, Rose Christiane Ossouka Raponda avait été promue ministre d’État et de la Défense nationale et de la Sécurité du territoire après avoir lamentablement échoué à la mairie de Libreville. Dans le même esprit, Jeanne Ngoleine Ossouka alors poursuivie en février 2008 pour faits de malversations financières dans le cadre de ses anciennes fonctions d’administratrice générale du Fonds d’expansion des petites et moyennes entreprises (Fodex), avait été nommée le 7 février, au poste d’ambassadrice auprès de l’ONU, avec résidence à Genève. Sous la pression de l’opinion, Guy Blaise Nambo-Wezet avait finalement été choisi à sa place.
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En 2006, c’est feu Jean Remy Pendy Bouyiki, alors tout puissant ministre d’Omar Bongo Ondimba qui avait été éjecté du gouvernement après une mauvaise utilisation et affectation des fonds destinées aux fêtes tournantes de la province de la Ngounié plus précisément dans le département de la Boumi-Louetsi. Pour le caser, et lui assurer une retraite paisible, il sera nommé coordinateur des affaires présidentielles. Comme quoi cette fonction n’est pas née avec Noureddine Bongo Valentin.
Si les raisons ne sont pas fondamentalement similaires, on constate pour le regretter que le pouvoir de Libreville agit souvent de façon anti-républicaine en nommant au mépris du principe de la méritocratie, des personnalités qui ne sont pas illustrées par leur état de service. Nommé en conseil des ministres le 12 octobre dernier en qualité de président du Conseil d’Administration du Font Autonome d’entretien routier (FANER), Léon Armel Bounda Balonzi a pourtant été, avec un zeste d’humiliation, débarqué du gouvernement pour incompétence notoire.
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Une incompétence telle que son département ministériel a dû être dissous par Ali Bongo Ondimba ulcéré par l’état du réseau routier et son incapacité à matérialiser les chantier prioritaire du Chef de l’Etat dans le domaine. Dès lors, qu’est ce qui explique la nomination d’un homme dont les insuffisances criardes selon Ali Bongo Ondimba ont été dévoilées au grand jour ? Léon Armel Bounda incompétent au ministère des Travaux Publics, le sera t-il moins au FANER ?
Le FANER a pour mission d’administrer les ressources et exécuter les dépenses relatives à l’entretien du patrimoine routier national. En quoi sera t-il plus inspiré en qualité de PCA du FANER qu’il ne l’a été en tant que ministre ? Conscient de ce que Bounda Balonzi est peut être en réalité la victime désignée de l’échec d’Ossouka Raponda, cette nomination ne serait-elle pas une réparation de l’humiliation subie par le premier cité ?
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Toutes ces questions et cette réalité révèlent, et c’est peu de la dire, la forfaiture du discours sur la méritocratie prônée par le président de la République et sa laudatrice la « reine de Mpongwè ». Car rien n’explique, si ce n’est par complaisance et népotisme, qu’un commis de l’Etat incompétent ou empétré dans dans des faits de détournement soit promu à un poste de responsabilité aux détriment d’autres compatriotes plus outillés et aux valeurs plus nobles.