Football: Gabon-RDC, indigeste !

Aaron Appindangoye, Didier Ndong ont tous sombré hier face aux Léopards de la RDC à Franceville © DR

Libreville le 19 juin 2023 – (Dépêches 241). Une indigestion. C’est sans aucun doute la sensation ressentie par des centaines de milliers de Gabonais au terme de la rencontre sanctionnée par une défaite en tous points logique des Panthères du Gabon, domptées 2 buts à 0 par des cohérents Léopards de la RDC. Un revers aux conséquences innombrables. Un revers qui noircit l’histoire par cette première défaite à Franceville, une déconvenue qui place Neveu et ses poulains aux portes de l’élimination, une débâcle consubstantielle à l’immixtion du politique dans le sport et une déroute symbolisée in fine par les choix d’un sélectionneur pris dans l’étau de la recherche d’un équilibre illusoire, entre gestion des privilèges et respect de la logique sportive.   

Une défaite mémorable, mais pour les mauvaises raisons. Ce dimanche, 19 juin à Franceville, les Panthères du Gabon emmenées par Pierre Emerick Aubameyang sorti de sa retraite par les plus hautes autorités de l’Etat, ont noirci par leur prestation quelconque et insipide le statut d’arène imprenable du Stade Rénovation. En plus d’avoir trahi l’histoire, Patrice Neveu et ses hommes ont failli et sombrer dans tout. L’attitude, l’engagement, l’investissement, l’approche du match, le schéma tactique, le choix des hommes. Un cocktail qui a produit un contenu indigeste, livré au public sportif gabonais.  

Indigeste est d’abord la nature de la prestation globale des joueurs. Le Gabon a certainement livré hier, l’un de ses pires matchs depuis de nombreuses années. Livides, empruntés et apathiques, c’est une équipe sans âme, sans personnalité, qui a foulé la pelouse du Stade Rénovation de Franceville. Maladroits à souhait, Denis Bouanga et ses coéquipiers n’ont montré aucun signe de rébellion après avoir concédé l’ouverture du score à l’heure de jeu. Pire, c’est dans une incohérence ahurissante et un jeu « vampirisé » par les choix hasardeux et illogiques d’un Patrice Neveu hors sujet, que le Gabon va se présenter en seconde mi-temps pour finalement sombrer en fin de match. 

Indigestes sont également les prestations conjuguées de Mario Lemina et Pierre Emerick Aubameyang de retour après leurs retraites volontaires. Le premier est littéralement passé à côté de son match. Lourd, imprécis, sans aucun impact dans le jeu, l’ancien marseillais a déjoué. En sélection, Mario s’est souvent raté, un peu trop d’ailleurs. Et hier, à Franceville, l’ancien Merlus a confirmé son statut non usurpé de joueur de club. Titulaire, capitaine en sus, Pierre Emerick Aubameyang pour sa part a brillé par son inexistence. Dominé, dépassé, « bouffé » par un Chancel Mbemba souverain, l’ancien Gunners a certainement rappelé aux Gabonais pourquoi il n’est plus que l’ombre de lui-même en Europe. Aubameyang a rendu une copie semblable à toutes les précédentes fois où il était attendu pour faire la décision. Une copie vierge. Les témoins vivants de Burundi 2019 s’en souviendront de même que ceux qui étaient présents au stade de l’Amitié le 22 janvier 2017.

Indigestes sont sans aucun doute les choix opérés par le technicien français Patrice Neveu. Un 3-5-2  incohérent symbolisé par des hommes placés à des postes incompatibles avec leurs qualités. Didier Ndong excellente sentinelle positionnée dans l’axe de la défense, Bruno Ecuele Manga relégué au banc de touche, Allevinah milieu relayeur. Dans une rencontre d’une extrême importance, Neveu a fait le choix suicidaire de mettre en place une animation expérimentale. Au lieu de son pragmatique 4-3-3, Neveu a déséquilibré son équipe et fait le lit aux privilèges en voulant nécessairement associer Bouanga, Boupendza et Aubameyang. Certainement par manque de courage de laisser l’un sur le banc. Nombreux sont ceux qui se demandent encore comment le numéro 9 des Panthères a terminé la rencontre au regard de son rendement. Décrié pour sa pathétique couardise, le technicien français a certainement laissé sur le banc Bruno Ecuele Manga et fragilisé sa défense pour ne pas avoir à trancher le débat sur le  capitanat. Grotesque ! 

Indigestes sont, in fine, les velléités de récupération politique de cette rencontre qualificative par les plus hautes autorités en tête desquels Ali Bongo Ondimba et le ministre de Tutelle Franck Nguema. L’un pour en faire un argument de campagne, l’autre pour en tirer profit politiquement à travers sa mythique phrase emplie de courtisanerie « Cette qualification nous la devons au Président de la République…». Une immixtion du politique dans le sport consacrée entre autres par l’audience accordée par le président de la République au clan Aubameyang, une audience qui a scellé son retour, quelque peu imposé, qui ne reposait sur aucune logique sportive. 

Le football est un facteur puissant de cohésion sociale. Il rassemble et solidarise les enfants d’une même Nation. L’histoire a montré que quand les valeurs du football sont vaporisées à des fins obscures, la sanction est sans appel. Hier, parce que copinage, politique, improvisation et football ne font pas bon ménage, les Panthères ont failli et sont désormais aux portes de l’élimination alors qu’elles étaient en mars dernier,  à 90 minutes d’une qualification. Indigeste!

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