Libreville, le 11 septembre 2023 – (Dépêches 241). Depuis la prise du pouvoir par le général Brice Oligui Nguema, plusieurs barons et larbins de l’ancien régime tentent de se remettre en selle par une déferlante de motions de soutien à l’endroit du président de la Transition. Il en est de même pour la télévision nationale qui gardé la même attitude en tronquant simplement le nom Bongo-Ondimba par celui d’Oligui Nguema. Des agissements d’un autre temps, d’une ère ancienne que les Gabonais souhaiteraient voir disparaître définitivement, tout en invitant le nouvel homme fort de Libreville, à ne plus cautionner ces dérives qui ont fait le lit à l’avilissement des populations.
Tombeur du régime d’Ali Bongo le 30 août, le général d’armée Brice Oligui Nguema fait l’objet d’une déferlante de motions de soutien et d’une propagande à la lisière du culte de la personnalité. Si les populations saluent de bon gré la bravoure, la sincérité et les premières réformes de ce héros national, quelques hommes politiques, religieux ou acteurs de la société civile nostalgiques du système Bongo-PDG avec la complicité de la télévision nationale, flairent une bonne occasion pour se remettre en selle.
Une télévision nationale qui n’a manifestement pas guéri des tares qu’elle a traînées des années durant sous le régime Bongo en saturant l’image du président de la transition Brice Oligui Nguema et en franchissant, avec courtisanerie, la frontière de la propagande et du culte de la personnalité. Un culte de la personnalité qui crée une image idéalisée et héroïque d’un dirigeant qui est au-dessus de tout et, dans certains cas, synonyme de la loi, de l’État et même du pays.
Faire du président l’unique centre d’intérêt de la Nation dans ce contexte de transition aura des effets néfastes à long terme sur les institutions, sur la prise de décision souveraine et sur le professionnalisme militaire. Le Gabon n’est pas sorti du système Bongo-PDG pour replonger pieds et mains liés dans le système Oligui-CTRI. La télévision nationale et les médias de propagandes ont donc tout intérêt à réviser leurs postures, et pour Brice Oligui Nguema de ne pas se laisser flétrir par ces méthodes avilissantes perpétrées et démocratisées du reste par les anciens barons du régime qu’il a déposé.
La récente déclaration de René Ndemezo’o Obiang dit le Capo, « un sorcier politique » dont la réputation de transhuman maladif, n’est pas usurpée est encore dans toutes les mémoires. Le larbinisme en bandoulière, il est l’un des premiers zélateurs d’Ali Bongo, à avoir félicité le Général Brice Oligui. Sans gêne et sans scrupule, l’ancien ministre d’Etat d’Alain Claude Bilie-By-Nze, 74 ans, se dit prêt à travailler avec la nouvelle classe dirigeante. Comme lui, Hugues Mbadinga Madiya, s’est empressé de faire la danse ventre au CTRI et à son leader. Même son de cloche pour les autres thuriféraires du système PDG-Bongo, qui tentent de se relancer sous fond d’excuses et de mea culpa de façade. Des agissements risibles et condamnables pour lesquels les Gabonais ont très vite flairé l’entourloupe. Les populations étant lucides sur le fait que le pardon que l’on implore quand on est désormais en position de faiblesse n’est pas un acte de contrition, mais une manœuvre perfide pour échapper à la correction.
Pour que la Transition en cours sonne le glas du « Kounaélisme », il est impérieux que le nouveau chef de l’État Brice Oligui Nguema sépare le bon grain de l’ivraie. Lui qui incarne, sans nul doute, le début d’une nouvelle ère qui devrait logiquement trancher avec les 60 ans d’un régime qui a largement fait la promotion du culte de la personnalité. Cela est impératif, Monsieur le président, car l’histoire nous enseigne que les dirigeants africains qui se maintiennent indéfiniment au pouvoir se complaisent dans le culte de la personnalité pour consolider leur pouvoir, exiger leur loyauté personnelle et saper systématiquement les institutions de gouvernance indépendantes.