Libreville, le 2 octobre 2023 – (Dépêches 241). Depuis que certains agents ISP de Gabon Telecom menacent de rentrer en grève pour contester leurs conditions de travail, plusieurs langues se délient. Déterminés à mettre à nu les pratiques coupables, extralégales et factieuses des deux entreprises dans lesquelles ils travaillent, ces agents font des révélations qui sans ambages font prospérer l’idée que ISP et Gabon Telecom se sont spécialisés dans la clochardisation et la précarisation des employés gabonais.
Intérim Service Plus et Gabon Telecom sont-elles des entreprises de non-droit ? Les employés gabonais qui y officient évoluent-ils dans un nomansland ? Ces questions se posent légitimement au regard des accusations d’une extrême gravité dont ils font l’objet de la part de leurs employés. Ces derniers, par le biais d’une lettre, ont menacé d’entrer en grève en conséquence de la violation des dispositions du droit de travail et de la précarisation dont ils font l’objet.
Les mots choisis par les compatriotes sont d’ailleurs très éloquents. Dans un courrier adressé à la direction d’Intérim Service Plus dont la rédaction de Dépêches 241 a reçu copie, les agents s’insurgent notamment contre leurs salaires jugés dérisoires. « Les salaires varient et restent constants en fonction de la mission et du poste sans tenir compte du niveau d’étude des employés » indique le courrier.
Pire, selon les employés, ISP et Gabon Telecom s’emploient à violer allègrement les lois de la République. « Depuis plus de dix ans pour certains, nous signons des contrats à durée déterminée CDD renouvelables. Ensuite, après 23 mois, les contrats sont renouvelables après un mois de rupture obligatoire, afin qu’on ne puisse pas passer en CDI après 24 mois comme le stipule le code du Travail » a-t-on pu lire dans le courrier.
Des faits dénoncés par les agents d’ISP de la capitale et corroborés par d’autres agents exerçant dans l’intérieur du pays. C’est le cas d’un agent ISP qui saisit notre rédaction pour appuyer les prétentions de ses collègues de Libreville. « Je suis agent ISP Lambaréné et je viens vous certifier que nous avons tous les mêmes problèmes. À savoir, Pas de versement à la CNSS, pas d’embauche malgré des années de contrat renouvelable chaque mois, les salaires miséreux qui sont les mêmes », a-t-il révélé.
Entre entêtement, violation de la législation du travail et exclavaisation du personnel
Même son de cloche pour un agent ISP d’une autre province, notamment dans le septentrion. « Comme je vous le disais nous vivons les mêmes problème tous les ISP, je suis à ma 5e année toujours sous contrat d’un mois pas de cotisation à la CNSS. Les conditions de travail sont extrêmement défavorables. Deux de mes collègues sont à 8 ans de travail toujours sur contrat d’un mois sans cotisation et sans amélioration des conditions de travail. À bitam et à Mitzic ce sont les mêmes problèmes en général tous les ISP du Gabon vivent les mêmes problèmes », s’est-il livré.
Des révélations particulièrement graves qui mettent à l’amende la société ISP et Gabon Telecom lesquels manifestement sont coutumiers du fait. En 2022, un article de notre rédaction alertait déjà sur les pratiques et dérives de cette entreprise manifestement couvée par le géant Gabon Telecom. À l’heure où les plus hautes autorités, en tête desquelles le président de la Transition Brice Oligui Nguema fait le lit à la préférence nationale et au respect de la main d’oeuvre gabonaise, ISP et Gabon Telecom agissent à contre courant de la volonté étatique en se permettant de violer outrageusement la loi gabonaise tout en méprisant les travailleurs gabonais. Contacté, Gabon Télécom n’a pas souhaité donner sa version des faits.