À la lecture des différentes nominations depuis l’avènement du 30 août, il apparaît très clairement que le pouvoir en place a déjà fait le choix de ses partenaires pour conduire la Transition. Pourtant, beaucoup attendent avec impatience la convocation du dialogue national qui se veut inclusif pour s’exprimer et s’impliquer dans le vaste chantier de la reconstruction du Gabon. Seulement, seront-ils de la partie ? En effet, ceux qui ont le pouvoir de nomination aujourd’hui sont les mêmes qui vont désigner les participants au dialogue. La messe serait-elle dite ? De façon objective, le choix des participants au dialogue national inclusif dépend fortement de l’objectif et du contexte spécifique du processus de dialogue. À toute fin utile, nous osons faire une proposition de quelques critères généraux qui pourraient être pris en considération lors de la sélection des participants aux grandes assises nationales tant attendues:
1. Représentativité : Il est important que les participants choisis soient représentatifs de la diversité des groupes et des perspectives qui sont impliqués dans le conflit ou le débat attendu. Cela signifie inclure des représentants de diverses communautés, groupes ethniques, groupes religieux, organisations de la société civile, leaders politiques, activistes, élite intellectuelle, etc.
2. La légitimité : Les participants doivent être légitimement reconnus par les parties prenantes et les communautés qu’ils représentent. Leur autorité et leur capacité à influencer leur base de soutien sont des facteurs importants à considérer. À ce niveau, la sélection pourrait se faire à travers les mini-assises dans chaque département, puis au niveau des provinces, par exemple.
3. Engagement envers la paix et la résolution des conflits : Les participants sélectionnés devraient être engagés en faveur de la résolution pacifique des différends. Leur historique et leurs actions passées en lien avec la recherche de solutions pacifiques peuvent être pris en compte.
4. Compétences et connaissances pertinentes : Il est essentiel de choisir des participants qui apportent une expertise, des connaissances ou des expériences pertinentes au processus de dialogue. Cela peut inclure des connaissances sur la réforme des institutions, la médiation, la diplomatie, le droit, la gouvernance, la reconstruction post-conflit, etc.
5. Capacité à dialoguer de manière constructive : Les participants doivent avoir la capacité à dialoguer de manière ouverte, respectueuse et constructive avec les autres participants, même lorsque les opinions divergent. La capacité à écouter activement et à travailler en collaboration est cruciale. À ce niveau, l’implication de certains leaders reconnus pour leur agressivité ou leur manque de courtoisie pourrait hypothéquer l’issue des assises.
6. Inclusion des voix marginalisées : Il est important de veiller à ce que les voix des groupes marginalisés, notamment les femmes, les minorités ethniques, les jeunes, les personnes handicapées, etc., soient entendues et représentées au sein du processus de dialogue.
7. Représentation de toutes les parties prenantes : Il est essentiel d’inclure des représentants de toutes les parties prenantes pertinentes, y compris les acteurs politiques, les dirigeants communautaires, les représentants des forces de sécurité, les membres des groupes armés, les acteurs économiques, etc.
8. Légitimité et soutien international : Lorsque le dialogue national inclusif est lié à un conflit ou qu’il nécessite un soutien international, il peut être important d’inclure des participants qui bénéficient d’une crédibilité et d’un soutien au niveau international, tels que des diplomates, des représentants d’organisations internationales, des experts internationaux en résolution des conflits, etc.
Ces critères doivent être appliqués de manière flexible, en fonction des besoins spécifiques du dialogue national inclusif et des contextes politiques, culturels et sociétaux spécifiques que nous n’avons pas exploité dans la présente fiche. Il est également important de tenir compte de l’équilibre entre la représentativité et la praticité, car il peut être difficile d’inclure tous les acteurs pertinents dans un processus de dialogue limité dans le temps et dans sa taille. C’est un exercice qui ne sera pas aisé et les inquiétudes sont déjà perceptibles. Pourtant, c’est le tournant décisif de la Transition au Gabon. Les décideurs devraient sortir de leurs cercles du moment qui risque de faire naître la première crise de notre belle marche vers la félicité. Il est encore temps de mieux faire.
Bruno ONDO MINTSA