Libreville, le 28 juin 2024 – (Dépêches 241). Présente devant la presse ce jour, Murielle Minkoue Epse Mintsa a, par le biais d’une conférence, fait le point sur les activités législatives et réglementaires des conclusions du Dialogue National Inclusif. L’occasion pour la Ministre de la Réforme des Institutions de répondre à plusieurs questions, dont celle sur le futur référendum. À la question de savoir quelle sera la posture des autorités de la Transition au cas où le NON l’emportait, la Membre du Gouvernement a laisser entendre que seul le Président de la République décidera.
Quelques jours après la conférence de presse animée par Raymond Ndong Sima, à l’effet de faire le point de la mise en œuvre par son administration des recommandations issues du rapport du Dialogue National Inclusif, Murielle Minkoue par ailleurs Rapporteur général du Dialogue D’Angondjé s’est à son tour présentée face à la presse dans le but d’édifier l’opinion sur l’avancée des travaux qu’elle dirige.
Si plusieurs questions liées aux résolutions du Dialogue ont été soulevées par les hommes et femmes des Médias, celle toute aussi importante du référendum prévu fin 2024 a été évoquée par un confrère. A la question de savoir quelle posture adopteront les autorités de la Transition dans le cas où le « NON » l’emporte au Référendum, la Ministre de la Réforme des Institutions a laissé penser que le Président de la République prendra les décisions qui s’imposent. « Si le NON l’emporte cela voudra dire que nous n’avons pas pu convaincre. Ce serait un désaveu si les populations considèrent que le projet que nous leur soumettons ne leur convient pas, il appartiendra aux uns et autres d’en tirer toutes les conséquences et le Président tranchera », a-t-elle déclaré.
Une déclaration qui fait le lit douillet à une posture qui interroge et qui interpelle dans la mesure où une récente sortie de Manganga Moussavou, Président du Parti Social Démocrates (PSD) il y’a quelques semaines, avait fait des révélations sur les intentions supposées du Président de la Transition si d’aventure le NON l’emportait en décembre prochain. « Je lui ai dit que quand il y a un référendum ceux qui ne sont pas d’accord expliquent au peuple pourquoi ils ne sont pas d’accord. C’est démocratique. Et lui de me répondre que si le référendum ne donne pas raison au CTRI il fera un second coup d’État », avait répété, effaré, Pierre Claver Maganga Moussavou.
Si la mesure nous invite à ne pas considérer comme parole d’évangile, les propos de l’opposant, la sortie du jour de Murielle Minkoue ouvre la porte à tous les fantsames et toutes les interprétations. Dans quel sens le Président va-t-il trancher ? Va-t-il strictement se référer à la volonté populaire ou peut-il tenter un passage en force ?
Bien que ne relevant que l’ordre de l’interprétation, il convient tout de même de rappeler au Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) qui a fait le serment de respecter la Charte de la Transition ce que lui commande l’article 2. Les missions de la Transition consacrées par la présente Charte sont notamment « la refondation de l’État afin de bâtir des Institutions fortes, crédibles et légitimes garantissant un État de droit, un processus démocratique transparent et inclusif, apaisé et durable, seules garanties pour un développement véritable du Gabon », avant en son alinéa 7 de préciser le seul processus adapté pour adopter une constitution en période de Transition. « l’élaboration d’une nouvelle Constitution et son adoption par référendum », nous apprend la Charte.
Des dispositions assez claires qui devraient faire reculer le CTRI, si tant est qu’il y ait, de la part des autorités de la Transition, le Chef de l’Etat en tête, des intentions d’imposer aux Gabonais ce qu’ils auraient majoritairement rejeté. Le NON au référendum est la manifestation du rejet d’une politique, d’un projet, d’une vision. Il est la manifestation du plus grand nombre et l’émanation du Peuple. L’échec reste la seule conséquence que peuvent tirer les autorités d’un NON au référendum. En 1969 en France, en réponse au NON du peuple français sur le référendum pour la création de régions et la réforme du Sénat, le Général de Gaulle avait démissionné.
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