Référendum constitutionnel: le choix du « NON » n’est pas une fatalité  

Que le président de la Transition sache qu’un NON au Referendum ne doit pas être perçu comme un échec mais comme volonté du Peuple de réajuster les choses ©ComPrésidentielle

Libreville, le 21 août 2024 – (Dépêches 241). Depuis quelques semaines, la classe politique Gabonaise se divise au sujet de la position à adopter lors du prochain référendum constitutionnel. Quand certaines personnalités demandent à lire la nouvelle Constitution avant de se prononcer, plusieurs acteurs politiques proches du pouvoir battent déjà campagne pour le « OUI » présentant le « NON » comme un désastre et un échec pour le CTRI. Une position qui mérite cependant d’être relativisée. 

Décembre devrait être décisif pour la marche de la transition en cours. Selon le chronogramme établi par le Comité de Transition pour la Restauration des Institutions, c’est en effet ce mois que sera organisé le référendum constitutionnel au Gabon, plus d’un an après la prise de pouvoir par les militaires sous la houlette du Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Et, logiquement, le débat autour du choix d’opter pour le « oui » ou le « non » commence à diviser la classe politique, car quand certains choisissent la mesure et préfèrent par cohérence attendre de découvrir le projet constitutionnel avant de se prononcer, d’autres à grand renfort médiatique, mènent des campagnes à travers le pays en appelant les populations à voter sans conscience en faveur du « oui ».

Pour ces derniers, le vote en faveur du oui s’impose car ils estiment que la future Constitution sera une émanation du dernier Dialogue national inclusif, et par conséquent opter pour le non, serait un désastre et un échec pour le Comité de transition pour la restauration des institutions (CTRI) comme l’a d’ailleurs très bien souligné la ministre de la Réforme des Institutions Murielle Minkoue. « Si le NON l’emporte, cela voudra dire que nous n’avons pas pu convaincre. Ce serait un désaveu si les populations considèrent que le projet que nous leur soumettons ne leur convient pas, il appartiendra aux uns et autres d’en tirer toutes les conséquences et le Président tranchera  », a-t-elle déclaré. 

LIRE AUSSI: Référendum: Comme Oligui Nguema, Barro Chambrier s’inscrit dans l’incohérence et appelle à voter le « OUI »

Une posture critiquable et un point de vue qui pourraient cependant, à la lumière de la théorie philosophique d’Aristote, être relativisés. En effet, dans ses textes, l’élève de Platon nous apprend que la « Constitution doit toujours être conforme à l’âme du peuple ». De ce fait, on peut à juste titre penser que les évènements du 30 août se sont produits parce que les Gabonais ne se reconnaissaient plus dans le mode de gouvernance du pays et dans la Constitution. Dans ce contexte, l’enjeu primordial pour réussir à bâtir un nouveau contrat social apaisé, serait non pas de voter les yeux fermés en faveur du « oui », pour un projet dont on a ni le sens ni la portée, mais plutôt de mettre en place une Constitution qui soit réellement conforme aux aspirations profondes des Gabonais. Une Constitution qui soit proche de l’âme du peuple Gabonais tel que préconisé par Aristote. 

LIRE AUSSI: Référendum: pourfendeur du «NON» au motif qu’il ne prend appui sur aucun fondement, Oligui Nguema lance le front du «OUI» sur la base de rien aussi 

Par ailleurs, la réussite de ce challenge historique, peut nécessiter des ajustements et des réajustements car Karl Popper un autre philosophe, nous enseigne dans son «rationalisme critique», que l’on peut progresser par conjectures et réfutations. Autrement dit, les rédacteurs de la nouvelle Constitution ne doivent pas avoir peur que le nouveau texte soit analysé en profondeur tout comme ils ne doivent pas craindre l’éventualité que le texte soit rejeté car cette dernière hypothèse, permettrait tout simplement de l’améliorer et le rendre plus conforme aux aspirations et à l’âme du peuple Gabonais. En clair, le non, ne doit pas être une fatalité. 

Autant dire que l’échec en réalité, serait d’imposer un projet constitutionnel rejeté par des Gabonais, déjà affectés par plusieurs années de convulsions sociales et politiques. 

2 Commentaires

  1. TSAMBA MOUBEYI FRED

    Bonjour M. Yann AGAMBOUE.
    Vous avez parfaitement raison, nous attendons tous le futur texte. Et à la suite avoir un débat franc avec nos amis et connaissances afin de mieux nous positionner.
    Le NON n’est effectivement pas un désaveu mais un moyen d’exprimer que les lignes du texte doivent êtres de nouveau revues.
    Merci pour votre analyse et bien cordialement.

    Fred TSAMBA MOUBEYI

  2. Yann Agamboue

    Très cher Fred TSAMBA MOUBEYI

    Merci beaucoup pour votre commentaire si chaleureux !

    Je suis ravi de savoir que notre article vous a plu et que vous en avez tiré quelque chose de positif. Vos retours sont précieux et nous encouragent à continuer à partager nos réflexions.

    N’hésitez pas à partager les vôtres sur d’autres sujets.

    Cordialement

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*