Transition en péril: des pros de la dénonciation hier, aujourd’hui muets comme les carpes de l’ogooué 

Ces anciennes personnalités très critiques contre le régime déchu semblent cautionner par compromission les errements qu’ils dénonçaient naguère  ©Dépêches241

Libreville, le 4  juillet 2024 – (Dépêches 241). Très actifs et particulièrement critiques sous le régime Bongo-PDG, de nombreuses personnalités politiques et celles de la société civile, les activistes, les blogueurs et autres lanceurs d’alerte bien connus tendent curieusement à se signaler par un mutisme inquiétant ces derniers mois, quand bien même, de nombreuses dérives et attitudes fortement combattues et décriées sous l’ancien régime, seraient en train d’être dupliquées sous la Transition, sans que ces derniers ne s’en offusquent comme par le passé.

Avec l’arrivée au pouvoir des militaires en septembre dernier, les observateurs de la vie politique gabonaise, y compris les populations, avaient placé beaucoup d’espoir dans les nouvelles autorités du pays ainsi que leur gestion supposée rigoureuse, orthodoxe et régulée des affaires de l’État. Seulement, 10 mois après, de nombreuses assuétudes dénoncées vigoureusement hier, semblent être reprises sous la Transition, sans que cela n’émeuve plus grand monde.

Pire, de nombreux pros de la dénonciation hier, ceux qu’il convient de subsumer sous la catégorie d’activistes, de blogueurs, de lanceurs d’alerte ou d’éveilleurs de conscience et même des politiques, se vautrent aujourd’hui dans le silence et le reniement. Tout se passe désormais comme si ceux qui étaient encore naguère très allergiques aux violations de texte de loi, à la gouvernance par achat de conscience, aux bavures policières, au népotisme et au clientélisme politique, auraient subitement été phagocytés dans la Transition en cours. 

Ces derniers qui se sont vautrés dans le reniement de soi ne trouvent plus indécent que certaines résolutions du Dialogue National violent les principes démocratiques à travers par exemple la mesure sur la suspension des Partis politiques. Que certaines des résolutions sécrétées par le DNI font le lit à la division, à la sectarisation et la fragilisation de la cohésion sociale, comme celle sur les bi-nationaux, en tentant de créer des Gabonais de seconde zone. Qu’elles font le lit à l’arbitraire en clouant au pilori certains et en tentant d’épargner d’autres. Quand lesdites résolutions donnent l’impression qu’elles ont été prises dans le seul dessein de tracer un pont d’or pour le Président de la Transition vers la Présidence au terme des élections programmées pour août 2025. 

Sans inviter à tirer à tout-va ou à pratiquer une critique vaine et inopportune de la Transition, l’opinion aimerait retrouver une société civile, des activistes, des lanceurs d’alerte et des personnalités politiques enclins à féliciter quand de bonnes actions sont posées, et portés à la critique lorsque des attitudes et des comportements combattus hier, font irruption au sein de la Transition. Ce qui à ce jour n’est pas le cas dans la mesure où plusieurs d’entre eux ont fait le choix de la compromission et de l’allégeance à l’autorité de nomination, quand il était attendu qu’ils le fassent au nom de l’intérêt supérieur de la Nation.  

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