Libreville, le 16 juillet 2024 – (Dépêches 241). En déplacement le week-end écoulé à Tchibanga, dans la province de la Nyanga, le Président de la Transition évoquant le Dialogue National Inclusif, a tenu un discours offensif dirigé à l’endroit des politiques qui l’accompagnent au sein de cette. Sous un ton sec, réprobateur et à la lisière de l’injonction, Oligui Nguema semble avoir violemment sermonné Raymond Ndong Sima, à qui il reprocherait de ne pas se montrer solidaire des résolutions de la rencontre d’Angondjé.
Le Président de la Transition s’est rendu le week-end écoulé dans la province de la Nyanga, dans la cadre de sa tournée républicaine entamée il y a plusieurs mois déjà. En terre Nynoise, Oligui Nguema est revenu avec abondance sur les résolutions du Dialogue National Inclusif (DNI), qui ne semblent pas être partagées par plusieurs concitoyens, dont les membres de son équipe gouvernementale, en tête desquels son chef, Raymond Ndong Sima.
Il y a quelques semaines, le 18 juin dernier plus précisément, le Premier ministre de la Transition, Raymond Ndong Sima, était face à la presse nationale et internationale dans le but de faire le point sur le niveau d’avancement des travaux des résolutions du Dialogue National Inclusif d’Angondjé. Pendant cette rencontre, le Chef du Gouvernement avait fait montre d’un détachement manifeste qui laissait planer l’idée qu’il n’était débiteur que d’une simple obligation de conformisme.
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Questionné sur les prétendues manipulations des recommandations du Dialogue National Inclusif d’avril dernier, le Chef du Gouvernement a clairement botté en touche. « Vous vous trompez de sujet. Je ne suis pas en train de vous dire que moi Ndong Sima je vous ai reçu pour vous parler de mon opinion sur le dialogue (…) Je rappelle que ce n’est pas le Gouvernement qui a organisé le dialogue. Le Gouvernement a participé au dialogue par l’intermédiaire d’une partie de ses membres », avait-il lâché, montrant son éloignement avec certaines conclusions de ces assises.
En début du mois, c’est dans les colonnes du média Panafricain Jeune Afrique, que le locataire de la Primature s’est inscrit dans la négation de la mesure sur la suspension des partis politiques. « Cela relève de la démagogie. Je ne suis pas favorable à ce qu’on fasse sortir, sur un mode grossier, les gens du champ politique. Je crains qu’une telle méthode ne donne une place de victime aux exclus et fasse naître des tensions, des frustrations et des animosités qui créeraient tôt ou tard un climat démocratique dégradé », a-t-il laissé entendre chez nos confrères de Jeune Afrique.
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Des sorties manifestement très mal digérées par Brice Clotaire Oligui Nguema, lequel plusieurs semaines après, en mondovision, s’est donné la latitude de reprendre Ndong Sima,« son aînée » et de le réprimander avec des mots aigres doux. « Quand on est ensemble, on est ensemble jusqu’au bout et quand on est avec un Président, on est avec lui jusqu’au bout. S’il faut défendre mon dialogue, vous défendez mon dialogue. C’est le dialogue des Gabonais et c’est devenu le mien », a-t-il lâché, le visage austère.
Poursuivant son intervention, le Président de la Transition, a gauchement intimé l’ordre à l’opposant au régime d’Ali Bongo de soutenir sans réserve, les résolutions de « son dialogue », de les assumer et de se prononcer clairement. « Il n’y a pas à dire je j’étais pas là-bas… il n’y a pas qu’il n’y avait que 10 ministres. Il n’y a pas à dire je ne sais pas. Il faut vous prononcer et il faut assumer. Quand on est une équipe, on ne marque pas de buts dans son propre camp », a-t-il asséné avant de préciser qu’il veut à ses côtés « des hommes politiques courageux qui doivent suivre sa position (…) », a-t-il ajouté.
Une sortie diversement appréciée dans l’opinion qui devrait à nouveau exhumer le débat sur la nature de la relation dans le couple exécutif au sein duquel des tensions sont de plus en plus exacerbées et où, connaissant la personnalité du natif d’Oyem, le risque de fissure est de plus en plus grand. Les réserves émises par Raymond Ndong et la réponse militaire du Président de la Transition vont certainement faire évoluer la teneur de cette relation. Reste à savoir dans quel sens, le raffermissement ou la rupture.