Tentative de réhabilitation de 3M par Oligui Nguema: travestissement volontaire de l’histoire ? 

À Franceville, Oligui Nguema a tenté de faire de Marie Madeleine Mbourantsuo une héroïne de la Transition ©Dépêches241

Libreville, le 22 juin 2024 – (Dépêches 241). S’adressant aux populations de Franceville mercredi dernier dans le cadre de la poursuite de sa tournée républicaine, le Président de la Transition, Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, a tenté de réhabiliter Marie-Madeleine Mborantsuo, ancienne Présidente de la Cour Constitutionnelle gabonaise, arguant qu’elle aurait essayé de faire annuler le processus électoral d’août 2023 au terme duquel les militaires sont arrivés au pouvoir. Une déclaration qui passe très mal au sein de l’opinion, car celle qui est affectueusement appelée 3M a des états de service bien connus qui ne plaident pas en sa faveur. 

À Franceville, face aux populations venues très nombreuses l’écouter, le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, est longuement revenu sur les raisons qui ont poussé les militaires à déposer Ali Bongo Ondimba, nommant certaines personnalités civiles et militaires qui auraient joué un rôle déterminant dans leur action. C’est dans ce contexte qu’il a laissé entendre que l’ancienne Présidente de la Cour constitutionnelle gabonaise aurait « tout fait » pour  déconseiller à Ali Bongo Ondimba de briguer un nouveau mandat. Seulement, certains épisodes pourraient forcer l’opinion à penser le contraire. Et heureusement d’ailleurs que les récents actes de Marie Madeleine Mborantsuo, pour ceux qui n’ont pas la mémoire courte et sélective, pourrait conforter les Gabonais dans l’idée que la sortie du Général-Président ne serait qu’une vaine tentative de réhabilitation de celle qu’on appelle 3M, en essayant de lui donner un rôle qu’elle n’a en réalité jamais eu. 

Pour rappel, la « La tour de Pise  », telle qu’on l’appelle pour sa capacité et sa constance à pencher envers un seul côté, notamment celui du pouvoir Bongo-PDG, au plus fort du processus électoral contesté d’août 2023, avait fait honneur à cette réputation finalement non usurpée. En effet, en réponse au recours qu’avait introduit l’opposition, le 9 août 2023 en annulation du bulletin unique, en ce qu’il violait la lettre et l’esprit de l’article 94 de la loi électorale et contrevenait aux dispositions de l’article 5 de la Constitution issu de la loi n°01/94 du 18 mars 1994 sur le principe de la séparation des pouvoirs, la Cour Constitutionnelle avait tout bonnement rejeté les prétentions des requérants. 

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Pour asseoir cette décision empreinte de partisanerie, la Cour Constitutionnelle avait à l’époque simplement repris les arguments en fait du CGE alors qu’il lui était demandé de répondre en droit. « Les candidats présentés par un même Parti politique aux élections uninominales du Président de la République et du député à l’Assemblée Nationale figurent sur un même bulletin de vote ne violent pas le principe de la séparation des pouvoirs en ce qu’elle permet non seulement aux électeurs d’exercer librement et en toute sérénité leur choix sans risque de se perdre dans la multitude de bulletins de vote qui leur auraient été remis en une seule fois », avait-t-elle justifié dans un zeste de fourberie.

Poursuivant dans sa décision, Marie Madeleine Mborantsuo s’était ensuite bornée à défendre l’idée que ce bulletin unique pourtant foncièrement attentatoire à la liberté de vote était en son sens, pertinent en ce qu’il permettrait de réduire considérablement le temps d’attente des votants. Exceptées les paroles du Général-Président, qu’est ce qui concrètement pourrait montrer que la « La tour de Pise » aurait penché du côté opposé à celui du pouvoir Bongo-PDG ? Rien. Il est évident que si l’ancienne Présidente de Cour Constitutionnelle souhaitait mettre un terme au régime ancien, elle n’aurait pas débouté sur la base des arguments fallacieux, la requête de l’opposition en contestation du Bulletin Unique. Elle aurait au contraire donné un signal fort en s’y opposant et en lisant le droit. L’a-t-elle fait ? Que Nenni ! 

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La tentative de réhabilitation maladroite du Chef de l’Etat sonne comme une tentative de travestissement de l’histoire en essayant de faire revêtir à Marie Madeleine Mborantsuo le costume de la blanche Colombe pour faire d’elle une héroïne de la Transition. Bien heureusement la réaction des Gabonais a montré à bien des égards que ce qui pourrait être supercherie, n’a pas prospéré. 

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