« La main qui demande est toujours en bas de celle qui donne»: l’allégorie maladroite de BCON qui ampute le Peuple de son caractère souverain 

A Monada, le président a encore fait montre d’une extrême maladresse en intimant au Peuple de se taire parce que représentant la main qui demande ©ComPrésidentielle

Libreville, le 24 juillet 2024 – (Dépêches 241). Comme à Tchibanga il y a une dizaine de jours, le discours du Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, à Moanda dans la province du Haut-Ogooué continue de susciter des réactions au sein de l’opinion. Dans la cité minière, le Général-Président a soustrait la prééminence du Peuple en l’assimilant à l’allégorie de la main qui demande, donc à celle qui est toujours en dessous de la main qui donne, en l’occurrence ici, les gouvernants et son pouvoir organisé autour du CTRI. Une image extrêmement choquante et maladroite, qui pourrait lui revenir de front et avec force, sans pouvoir y échapper ou s’en protéger, quand on sait qu’il ne cacherait plus ses ambitions présidentielles aujourd’hui et pourrait bientôt solliciter les suffrages de ce même peuple.

Les récentes sorties du Président de la Transition continuent de laisser pantois les observateurs de la vie politique gabonaise, tant certains de ses propos pourraient choquer par leur gravité et leur dangerosité. Dit clairement, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema semble ne pas mesurer la gravité de certains discours tenus ces derniers jours, à l’occasion de sa tournée républicaine aussi bien dans la Nyanga, que dans le Haut-Ogooué plus récemment.

Dans un zeste de mépris et de suffisance, le Général-Président s’emploie si fréquemment à asséner des coups de butoir à ce qui reste encore de l’état de grâce dont bénéficie le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) après 11 mois de gouvernance. « j’ai appris un principe quand j’étais jeune, c’est que la main qui demande est toujours en bas de celle qui donne. Si vous n’avez pas ça dans votre mental, vous n’allez jamais évoluer. Et c’est ça votre problème. Huer sur les anciens ne m’emmènera pas à les changer. Ça me conforte dans mes choix. Vous faites avec ce que je décide », a-t-il intimé militairement aux populations.

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Ces propos du Président de la Transition sont d’une extrême gravité et traduisent au moins deux choses. La première, c’est que le Général semble ne pas dominer les us et coutumes du contrat républicain et démocratique qui lie un Peuple à ses dirigeants. Mieux, il semble faire fi du principe conventionnel de la souveraineté du Peuple. Le Peuple ne demande rien. Il est souverain. Au contraire c’est le CTRI qui demande tout. Cette souveraineté en démocratie place l’origine du pouvoir politique dans la volonté collective des citoyens et elle repose sur le respect de leur liberté et de leur égalité. La seconde chose, à la gravité tout aussi avérée, serait que les dernières sorties de Brice Clotaire Oligui Nguema jetteraient de manière sérieuse des doutes sur la sincérité du CTRI à restaurer en profondeur les institutions, tel qu’annoncé à leur arrivée au pouvoir.

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Le peuple gabonais n’est-il pas en droit de manifester son désamour à l’endroit de ses bourreaux d’hier ? La précarité extrême et la pauvreté affligeante imposées aux gabonais  sous le règne Bongo-PDG ne doivent-elles pas être dénoncées par le peuple qui se sent désormais plus libre de revendiquer avec l’arrivée du CTRI au pouvoir ? Les populations de Moanda ne sont-elles pas en droit de revendiquer une meilleure gestion et répartition de la richesse issue de leurs terres ? 

Le Président de la Transition gagnerait à comprendre les populations, à les rassurer tout en mettant sévèrement en garde les dirigeants contestés sous la Transition militaire, d’œuvrer prioritairement à l’amélioration des conditions matérielles d’existence du Peuple au lieu de tancer les populations tout en couvant les responsables mis en cause. 

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