Affaire HPO: Landry Amiang Washington incarcéré à Sans Famille après le mandat d’arrêt, mais libéré sous ordre express du Palais ? 

La libération de l’activiste après son incarcération suite à coup de fil supposé du palais pose un problème à bien des égards © Montage Dépêches 241

Libreville, le 20 août 2024 – (Dépêches 241). Interpellé par les éléments de la gendarmerie nationale cette après midi et incarcéré à la prison centrale de Libreville en application des effets juridiques du mandat d’arrêt délivré par la justice gabonaise, Landry Amiang Washington, poursuivi pour diffamation et injures publiques après une plainte déposée par Hervé Patrick Opiangah aurait été libéré dans la foulée, après un ordre venant du Palais et du Président de la Transition Himself. Une démarche qui surprend, tant elle se situe aux antipodes du discours qu’il a tenu en appelant au respect de l’État droit et en plaidant pour une justice forte. 

Interférer dans une décision judiciaire et une procédure indépendante du fait de son statut de Chef de l’Etat et de Président de la République, est-ce là un schéma représentatif de la séparation des pouvoirs telle que consignée noir sur blanc dans les lois de la République ? Est-ce encore normal que le pouvoir Exécutif s’immisce dans une procédure du pouvoir judiciaire en ce temps de Transition et de Restauration des Institutions ? 

Ces questions se posent avec beaucoup d’acuité et extrême gravité, au regard de l’acte supposément accompli par le détenteur du pouvoir Exécutif ce jour, après l’incarcération de Landry Amiang Washington à la prison centrale, quelques heures seulement après avoir été interpellé par les forces de l’ordre en application du mandat d’arrêt délivré dans le cadre de la plainte pour diffamation introduite par l’ancien Ministre des Mines, Hervé Patrick Opiangah. 

Le Président de la Transition entre contradictions et incohérences ?

Selon certaines sources bien introduites dans le dossier, alors que l’activiste était dans les geôles de « Sans famille », le Directeur de la Prison centrale aurait reçu un coup de fil du Chef de l’Etat, lui intimant l’ordre de libérer celui qui venait d’être incarcéré. Si ces faits sont avérés, c’est une grave violation du principe de la séparation des pouvoirs par celui-là même qui est supposé la garantir et la respecter, au nom du Peuple Gabonais. 

Une posture qui en définitive s’oppose à son propre discours tenu il y a quelques jours à l’occasion de son adresse à la Nation pendant laquelle il a plaidé en faveur du respect de l’Etat de droit.  « L’État de droit est bien plus qu’un simple concept pour le CTRI. Il est l’idéal de démocratie auquel nous devons tous aspirer. Il garantit notre liberté et notre justice en assurant à chaque Gabonais, quel qu’il soit, la possibilité de s’exprimer librement et de vivre dignement. Car, il n’y a pas de démocratie sans liberté d’expression, mais également sans respect de la loi », avait-il déclaré. 

La porte ouverte à l’anarchie et la marginalisation de la Justice ? 

Ce qui du reste peut paraître dangereux, c’est qu’une telle façon de faire peu ouvrir la porte à une sorte d’anarchie, un pays sans foi ni loi où tel ou tel citoyen coupable des certains faits, mais du fait sa proximité avec une personnalité du pays, peut se permettre de narguer, humilier et insulter la justice Gabonaise. Une anarchie qu’il a par ailleurs lui-même dénoncée et réprouvée pendant son discours à la Nation. « Aucun pays au monde ne s’est développé dans l’anarchie et le désordre, ou par l’injure et la caricature. Nos divergences d’opinions ou d’idées ne doivent pas nous amener à mépriser nos dirigeants, voire à dénigrer notre pays sur les réseaux sociaux. C’est inacceptable. Force restera toujours à la loi », avait-il précisé. 

En dernier ressort, si ces faits se trouvent prouvés, ils mettraient le Chef de l’Exécutif en parfaite contradiction avec ses déclarations récentes sur le souhait de voir émerger une justice forte et indépendante. Mieux, ils feraient apparaître très clairement le fossé entre le dire et le faire, désormais quasi permanent chez le Président de la Transition dont la sacralité de la parole donnée s’en trouve ainsi galvaudée. Pire, ce serait humilier l’institution judiciaire et la vider de sa substance, le tout en pleine période de Transition militaire placée sous le sceau de la Restauration des Institutions.

2 Commentaires

  1. C’est justement là que HPO voulait en venir.
    Si tout ce qui est rapporté dans cet article est avéré, alors le président de la transition est tombé dans le piège tendu par HPO.

  2. Pingback: Affaire HPO/Activistes: la procédure contre Stéphane Zeng et Amiang Washington n’a été ni violée, ni viciée  - Groupe Dépêches241

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