Libreville, le 28 août 2024 (Dépêches 241). Indigné et exaspéré par la qualité des prestations de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) malgré les efforts consentis dernièrement par le Gouvernement, le Président de la Transition, Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, vient de prendre des mesures extrêmement drastiques, allant jusqu’à faire tomber le Directeur Général, Joël Lehmann Sandoungout, pour redresser cette entreprise para-étatique. Des mesures qui épargnent étrangement le Ministre de tutelle, Jeannot Kalima, en dépit de l’ultimatum que lui avait fixé le Président de la Transition, alors en tournée dans l’Ogooué-Lolo.
S’il est un épisode dont l’opinion se souvient encore lors du passage du Président de la Transition dans l’Ogooué-Lolo, c’est bien l’ultimatum sans ménagement qu’il avait formulé à l’endroit de Jeannot Kalima, Ministre de l’Energie et des Ressources Hydrauliques à Koulamoutou. « À la difficulté d’adduction d’eau, le Ministre est là, il m’écoute. Il sait ce que nous nous sommes dits et le délai que je lui ai fixé. Dépasser ce délai, il part », avait-il publiquement prévenu.
Aujourd’hui, alors que la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) est en pleine tempête, alors que l’entreprise est secouée par un scandale de détournements des tickets EDAN via des serveurs informatiques parallèles, alors que les prestations de la SEEG ont fini d’achever la patience des populations, le Chef de l’État a tenu à marquer son indignation, d’abord en instruisant aux administrations compétentes un audit rigoureux de la boîte il y a quelques jours, puis en prenant la décision de placer désormais la société sous administration provisoire. Une décision qui n’est pas sans conséquences, car elle implique de grands bouleversements au sein de la société, partant de la Direction Générale, aux directions techniques en passant par les directions de certains services. Mais aussi la réduction du traitement des cadres de l’entreprise, la sélection et le tri des futurs partenaires.
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Si ces mesures sont saluées au sein de la population, en ce qu’elles sont prises pour apporter une embellie dans ce secteur, une certaine opinion s’interroge sur l’ultimatum qu’avait fixé le Président de la Transition à Koulamoutou, à son ministre de l’Energie. Pourquoi malgré la non satisfaction donnée par la SEEG, Jeannot Kalima se trouve-t-il épargné par les problèmes de cette entreprise ? N’a-t-il pas des explications à fournir au sujet de la dette d’Aggreko qui a doublé sous sa houlette à la tête du Ministère de l’Energie ? Doit-on comprendre qu’il s’est agi d’une mise en garde de façade à Koulamoutou, pour donner satisfaction aux émotions populaires ? Pourquoi Jeannot Kalima est-il épargné dans ce capharnaüm observé à la SEEG ?
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Devant toutes ces questions et face à ce qui s’apparente à une mise en garde de façade dans l’esprit de beaucoup, une certaine opinion ne peut plus s’empêcher de penser que Joël Lehmann Sandoungout, Directeur Général de la SEEG, aurait été sacrifié dans cette affaire qui semble encore nous réserver un lot de détails troublants, au regard des premiers éléments déjà révélés par l’enquête en cours au sein de cette boîte.