Libreville, le 21 octobre 2024 – (Dépêches 241). Très attendu par les gabonaises et les gabonais, le projet constitutionnel adopté en Conseil des Ministres a été officiellement remis le 17 octobre dernier au Premier ministre de la Transition, Raymond Ndong Sima. À côté de la durée du mandat présidentiel, la séparation des pouvoirs reste l’autre élément très attendu par les acteurs politiques et les populations dans la future Constitution. Alors qu’il s’est toujours montré très critique vis-à-vis de la non effectivité de la séparation des pouvoirs sous l’ancien régime, l’opinion va scruter avec une attention particulière la posture de Raymond Ndong Sima, par rapport à cette question dans la nouvelle Constitution.
Adopté en Conseil des Ministres ce jeudi 17 octobre 2024, le projet de la future Constitution du pays qui va être soumise aux populations gabonaises lors du référendum prévu cette fin d’année a été officiellement remis au Premier ministre de la Transition, Raymond Ndong Sima. Sans en connaître le contenu, l’opinion va scruter avec minutie la position du Chef du Gouvernement, qui sous Ali Bongo Ondimba, s’est toujours montré très critique à l’égard de l’absence de séparation des pouvoirs qui a toujours prévalu sous l’ancien régime, et qui serait à l’origine du blocage de tout décollage politique, économique et social du Gabon selon lui.
Dans une l’une des étapes de ses nombreuses causeries comptant pour la pré campagne des élections générales de 2023, il l’avait encore rappelé avec force et vigueur. « La principale raison pour laquelle notre pays marche la tête par terre et les pieds en l’air c’est que les pouvoirs ne sont pas équilibrés. Quand quelqu’un est capable de commander le Gouvernement, les députés, les sénateurs et la justice (…) ça veut que cette personne ne peut plus être contrôlée », avait lancé Raymond Ndong Sima a son auditoire.
Insistant sur la nécessité d’opérer une séparation nette et effective des pouvoirs pour le bien du pays et de la vie publique, l’actuel Premier Ministre n’avait pas hésité à recourir aux us et coutumes des bantu, pour expliquer l’impératif d’une scission des pouvoirs au sein de l’appareil étatique. « Notre société est faite avec des forces de rappel qui permettent d’arrêter quelqu’un quand il dérape (…) mais si quelqu’un a, comme c’est le cas à l’heure actuelle, le pouvoir de commander l’administration, les députés et les sénateurs, les juges et les magistrats (…) il y aura pas équilibre des pouvoirs. Par conséquent, notre problème principal vient de ce qu’il n’existe pas d’équilibre des pouvoirs. Si on règle le problème d’équilibre des pouvoirs plus de la moitié des problèmes que nous avons seraient résolus » avait chuté RNS.
Au moment où il vient de recevoir le projet constitutionnel qui va vraisemblablement être soumis aux populations lors du référendum à venir, la position de Raymond Ndong Sima est d’ores et déjà attendue par de nombreux gabonais, si d’aventure ledit projet ne consacre pas la séparation effective des pouvoirs telle que souhaitée par une part importante de la population.
Sa posture et son choix sur la question donneront des indications claires aux Gabonais sur la légitimité, la crédibilité et la sincérité de sa prétendue stature d’homme d’Etat qu’il a cultivée tout au long de sa carrière. Dans une période charnière de notre pays, la position de Raymond Ndong Sima sur cette question sera révélatrice de la solidité de ses idéaux. Il aura ainsi le choix entre faire respecter et rester fidèle à ses aspirations ou les trahir au nom d’une fonction et d’une proximité avec un homme et un régime au détriment de l’Etat.