Libreville, le 10 décembre 2024 – (Dépêches 241). Depuis de nombreux mois, le Gabon vit au rythme de nombreux scandales financiers, presque tous suivis de suspensions ou de limogeages des personnes mises en cause et soupçonnées d’avoir commis ces infractions. Une pratique qui laisserait désormais prospérer dans l’opinion l’idée que même sous la Transition militaire que connaît le Gabon, on pourrait se rendre coupable de malversations financières, sans craindre de subir les rigueurs de la loi, notamment en matière de corruption, de malversations et de détournement de deniers publics.
D’abord l’affaire Webcor ITP où seul le 1er Président du Conseil d’État a été relevé de ses fonctions, puis l’affaire de l’ex Directeur Général du Budget et des Finances publiques (DGBFIP), Aurélien Mintsa Mi Nguema simplement suspendu des fonctions et la SeegGate qui a conduit au limogeage du Directeur Général et d’autres cadres de la société, ensuite celle de Gab Oil où le PCA et l’ADG ont tous deux été suspendus à leur tour, et dernièrement l’affaire de la CNAMGS dans laquelle la Directrice Générale et son PCA ont été fait également l’objet de suspension de leurs fonctions respectives.
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Toutes ces affaires semblent avoir un lien commun: les soupçons de corruption, de malversations financières et de détournement de deniers publics, avec pour issue finale le limogeage ou la suspension des personnes impliquées, en lieu et place d’une véritable procédure judiciaire pouvant aboutir à l’établissement de la culpabilité des mis en cause.
Atonie de la justice transitionnelle ?
Comment comprendre la rigueur et la sévérité qui habitent la justice gabonaise lorsqu’il faut punir les délits mineurs de dérobade de téléphones ou de sacs à main, alors que plusieurs hauts cadres épinglés à la suite d’enquêtes administratives échappent quasiment systématiquement à cette dernière aux poursuites judiciaires ? Le limogeage et la suspension se seraient-ils substitués à la manifestation de la justice ? Pourquoi la justice ne lance-t-elle pas des poursuites contre ces délinquants en col blanc ? Qui pourrait tirer les ficelles dans l’ombre pour que ces personnes impliquées dans ces différents crimes financiers ne soient pas inquiétées ?
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Cette tendance qui consiste simplement à limoger ou suspendre les responsables présumés de malversations financières répugne désormais l’opinion, qui aimerait voir enfin la justice faire correctement son travail comme l’avait souhaité le Président de la Transition en août dernier durant sa tournée républicaine, précisément lors de son étape de Kango. « Le changement suppose avoir une justice forte », avait-il rappelé avant d’ajouter « celui qui doit être puni, doit être puni », avait conclu Brice Clotaire Oligui Nguema.
Aujourd’hui, à la lumière des nombreux scandales financiers qui accablent plusieurs administrations publiques et parapubliques, l’opinion se désole non seulement de l’inertie de la justice de leur pays, mais aussi de l’idée qu’il reste possible, en ce temps de Transition militaire, de voler, de détourner, de s’accaparer des deniers publics, sans en subir les foudres de la loi. Une image qui tranche radicalement d’avec les aspirations des nouveaux dirigeants du Gabon et qui met désormais en doute la sincérité et la capacité de ces derniers à éradiquer cette gangrène.
Très bel article.
Le peuple s’inquiète de l’absence d’une justice forte alors que le pouvoir est dans les mains des militaires. Ce n’est pas de ce Gabon dont nous voulons. Les activistes viendront dénoncer cet état de fait.