Affaire HPO: un magistrat ayant requis l’anonymat dénonce les graves irrégularités qui entourent ce dossier 

Les magistrats dénoncent une procédure viciée dans l’affaire Opiangah ©DR

Libreville, le 23 janvier 2025 – (Dépêches 241). Au Gabon, l’affaire Hervé Patrick Opiangah continue de susciter des réactions au sein des différentes strates de la société. C’est en cette occurrence qu’un homme en toge, par ailleurs membre du principal syndicat des magistrats du Gabon (SYNAMAG), a décidé de rompre le silence sur les nombreux vices de procédures observés dans ce qui est désormais nommé l’affaire Opiangah. Ayant requis l’anonymat, l’homme de lois a condamné sans fioritures les nombreuses irrégularités qui caractérisent la procédure qui vise l’acteur politique et homme d’affaires

Certains magistrats témoins vivants de la procédure lancée à l’encontre de l’homme politique Hervé Patrick Opiangah se disent indignés de comment le parquet s’est saisi de l’affaire en violant au passage la règle de droit et ses préceptes. C’est en cette occurrence que l’un d’eux s’est ouvert à notre confrère de L’objectif pour dénoncer cet état de fait. « En tant que magistrat, nous sommes des lumières qui éclairent la cité. Les actions que nous posons devraient donc être en harmonie avec la conscience collective pour que notre mission soit conforme aux engagements pris, de rendre la justice de manière équitable à tous, au nom du peuple. Et comme l’avait dit Desmond Tutu, je le cite, « si vous êtes neutre dans une situation d’injustice, alors vous avez choisi le côté de l’oppresseur » fin de citation. C’est pour éviter d’être complice, que je viens dénoncer les graves irrégularités constatées dans ce qui est devenue affaire Opiangah », a-t-il d’abord déclaré.

Le spécialiste du droit a fait remarquer que dans l’affaire Opiangah, le Procureur général de la République s’est rendu coupable de plusieurs dérapages, ne respectant aucune règle de droit en la matière. « Un praticien du Droit ne peut pas se permettre des sorties de pistes, quelles que soient les raisons qu’il peut évoquer. Et l’on constate pour le regretter que le Parquet de Libreville qui a lancé la procédure ne s’est basé sur aucune règle du droit. À commencer par la nature et la qualité du plaignant », a-t-on pu lire. 

Le magistrat pointe également l’attitude sélective et paradoxale du Parquet de la République face à certains dossiers 

Se référant par exemple à la plainte d’Hervé Patrick Opiangah contre X dans le scandale du Grand Marché de Libreville, impliquant deux hauts fonctionnaires, le magistrat défend qu’« Opiangah n’a pas seulement fait une dénonciation, mais il a porté plainte contre X avec constitution de partie civile, sans citer nommément des individus qui étaient derrière ce scandale. Il a apporté les preuves assez suffisantes pour que la justice déclenche les poursuites, curieusement, ce dossier très attendu par l’opinion, semble être enterré » a-t-il regretté, avant de préciser que « j’ai fait ce parallèle pour expliquer la différence entre une dénonciation fondée et ce que l’on appelle une fausse dénonciation, c’est-à-dire dénoncer des choses dont on n’a pas la preuve. Si non, il serait très facile qu’un quidam dans la quête de nuire, dénonce des choses à votre encontre qu’il ne peut étayer » a rappelé l’homme de droit. 

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Pour le magistrat et syndicaliste, la procédure qui vise aujourd’hui le natif de Mounana est un harcèlement qui n’avait pas lieu d’être. « Je n’ai jamais compris la fougue qui a animé le responsable des Officiers de police judiciaire (OPJ) à mettre la main sur  monsieur Opiangah sur des faits qui n’étaient pas constitués. Quel élément de preuve avait-il pour lancer cette chasse à l’homme ? Quel argument avait-il pour confondre le présumé incestueux ? À partir du moment où la victime s’est dite ne pas se reconnaître dans ces affabulations, le Parquet devait arrêter toute procédure, et à la rigueur ouvrir une procédure pour poursuivre ceux qui ont fait prospérer ces allégations », a-t-il déploré. 

Pour finir, l’homme en toge s’est questionné sur les motivations réelles du Procureur général de la République dans l’affaire Opiangah.« Je ne comprends toujours pas le zèle débordant qui a animé le maître des poursuites en acceptant l’armée d’intervenir et mener des perquisitions. Ce sont des abus graves. Hervé Patrick Opiangah constituait-il un danger public pour mobiliser les militaires de la Garde Républicaine et les éléments de la DGSS ? Pourquoi une simple enquête qui n’avait même pas lieu d’être va se transformer à une véritable chasse à l’homme, interpellant au passage parents, amis, employés et autres sympathisants de son Parti politique? », s’est-il interrogé avec gravité. 

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