Subvention à la presse: une répartition qui interroge et des méthodes qui rappellent celles du régime avilissant Bongo-PDG ?

Laurence Ndong ne semble pas encline à faire respecter la volonté de Brice Clotaire Oligui Nguema concernant la presse au Gabon © DR

Libreville, le 03 avril 2025 – (Dépêches 241). Au lendemain de sa prise de pouvoir, recevant les patrons des médias, le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, avait annoncé l’augmentation de la subvention due aux médias privés, passant de 127 millions à 500 millions de francs cfa. Une augmentation substantielle et saluée avec enthousiasme par les acteurs de ce secteur. Seulement, depuis qu’elle a été redistribuée, les bénéficiaires font état d’un contraste abyssal entre l’augmentation annoncée et les sommes perçues, non sans dénoncer des méthodes opaques et peu orthodoxes qui auraient présidé à sa répartition. Des pratiques qui, au demeurant, rappellent invariablement celles du régime déchu et ses adolescents prépubères de la Young Team. 

Il y a quelques jours, le ministère de la communication annonçait le passage en caisse des médias privés, à l’effet de percevoir la subvention qui leur est due et comptant pour l’année 2024. Seulement, au sortir des caisses, les grincements des dents des patrons des médias n’ont pas tardé à se faire entendre, ce, au motif que les augmentations constatées ne seraient ni  conséquentes, ni proportionnelles à l’annonce faite par le Chef de l’État ayant fait passer la subvention de 127 millions de francs cfa à 500 millions de francs cfa, soit une multiplication par trois de la somme d’origine. 

Ainsi, certains médias qui percevaient 3 millions de francs cfa quand la subvention gouvernementale n’était que de 127 millions de francs cfa, se sont retrouvés avec une hausse insignifiante de 900 mille francs cfa, alors que le Chef de l’État a établi cette subvention à 500 millions de francs cfa. Une situation insoutenable quand on sait que c’est une ancienne activiste et fervente opposante au régime d’Ali Bongo Ondimba qui trône au ministère de la communication, et qui était chargée de la redistribution de ladite subvention. Toute chose qui ferait penser que certains ne s’opposaient au régime supposé déchu que parce qu’ils voulaient être à la place de ceux qui y étaient. Maintenant qu’ils y sont, ils se vautrent à maintenir les mêmes habitudes et comportements qu’ils dénonçaient hier.

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Outre les augmentations dénoncées qui ne seraient pas à la hauteur des espérances des patrons des médias privés, voire en totale décalage avec la décision du président de la transition, il y a que les conditions et les critères sur lesquels se seraient appuyés la ministre de la communication, Laurence Ndong, pour répartir ces fonds restent pour le moins flous. D’autant que rien ne semble justifier,  à la lumière du doute raisonnable, que ces augmentations soient si dérisoires, alors que ces médias ont déposé auprès de leurs tuteurs toute la documentation nécessaire et leur cahier de charges.

À cet effet, Harold Leckat, un des patrons de presse en ligne les plus connus, en l’occurrence de Gabon Média Time ( GMT ), interrogé par nos confrères de Mbandja sur cette disproportionnalité de la distribution de la subvention, déclare avec effarement « Je suis de ceux qui croient que les actes parlent plus fort que les discours. A ce jour, je m’interroge sérieusement sur les modalités d’attribution de cette subvention. Comme je le disais, lorsque l’enveloppe était à 123 millions, GMT recevait 3 millions. Aujourd’hui, malgré une multiplication par cinq du budget, nous n’avons perçu qu’un petit supplément de 900 000 francs cfa alors que, dans le même temps, nous respectons toutes les obligations légales », a-t-on pu lire.

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Dans ce sillage, il nous revient d’une certaine opinion et de certains patrons de presse que, un des problèmes qui se posent, relativement à cette subvention due au médias privés, est que la ministre de la communication, Laurence Ndong, comme le fit Jessy Ella Ekogha, alors porte-parole de la présidence de la république, se serait octroyée elle aussi le droit de rappeler à son bureau, le fichier établi par la commission chargée de la répartition de cette subvention pour opérer des modifications de façon discrétionnaire, malgré le fait que ce fichier se trouvait déjà au trésor public après un travail préalable de la commission ayant siège à cet effet. « Nous savons de sources sûres que le fichier établi au terme de la commission a été envoyé au trésor mais étrangement, la tutelle l’a fait répartir dans ses locaux pour y opérer des modifications. Ce qui est illégal » dénonce un autre patron de presse. 

Ce qui pourrait vouloir dire que dans le processus de modification de ce fichier par la ministre originaire de kango, elle aurait introduit de manière unilatérale et à l’insu de la commission, des aspects possiblement partiaux qui pourraient expliquer ces augmentations insignifiantes, relevant davantage d’un simple symbolisme que d’une véritable augmentation. Ce qui serait, au demeurant, très grave. 

Cela serait d’autant plus grave que cette dame qui a écumé les plateaux de télévisions internationales pour dénigrer et dénoncer la mal-gouvernance de notre pays par les dirigeants d’alors, se serait par extraordinaire transformée en bourreau de ses concitoyens, à la place de ceux  qu’elle traitait de détourneurs de deniers publics hier. Dès lors, on se demande bien ce qui a motivé ce rappel du fichier du trésor public ? Et si ses modifications étaient nécessaires, pourquoi n’a-t-elle pas associé la commission ? Seule la ministre Laurence Ndong détient les réponses à ce questionnement.  

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