
Libreville, le 16 Mai 2025 – (Dépêches 241). Le scandale judiciaire lié à la libération conditionnelle controversée de l’ancienne Première Dame du Gabon, Sylvia Bongo Valentin, et de son fils Noureddin Bongo, suivie de leur exil survenu hier soir en Angola, illustre une justice gabonaise à deux vitesses. Ce déséquilibre apparaît clairement dans la manière dont la justice traite, d’un côté, le dossier manifestement et exceptionnellement vide de Hervé Patrick Opiangah, contraint à l’exil, et de l’autre, celui de la famille Bongo, qui bénéficie d’un traitement de faveur malgré de lourdes accusations de haute trahison qui pèsent sur elle.
La libération provisoire de Sylvia Bongo Valentin et de son fils, annoncée il y a quelques jours et maladroitement justifiée par le procureur général Eddy Minang lors d’un point de presse, alimente l’idée d’un système judiciaire inégal. En effet, bien que Noureddin Bongo Valentin et sa mère soient poursuivis pour des accusations extrêmement graves, la justice gabonaise a choisi de les libérer, même provisoirement, sans procès préalable. Cette décision paraît d’autant plus surprenante que le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, avait affirmé lors d’une interview accordée à France 24 et RFI que la justice détenait des « preuves accablantes, et qu’un procès équitable aurait lieu à l’issue de leur détention préventive », avait-il certifié.
Contre toute attente, l’institution judiciaire, qui niait encore leur départ il y a quelques jours, a confirmé cette libération supposée sous conditions. Cela suscite une profonde incompréhension dans l’opinion publique, qui ne comprend pas comment des personnes accusées de haute trahison, corruption active, usage de faux, concussion, falsification de la signature du président de la République, malversations financières, trafic de stupéfiants, etc., peuvent être remises en liberté et autorisées à quitter le territoire. Pire encore, sur instruction du Chef de l’État, ils ont bénéficié d’un départ express de Libreville vers Luanda, où ils jouissent désormais paisiblement de leur exil, loin des réalités du peuple gabonais, qui, lui, lutte chaque jour pour survivre dans une précarité extrême.
Parallèlement, la justice semble faire preuve d’une incohérence flagrante dans le traitement du cas d’Hervé Patrick Opiangah, à qui elle refuse le droit de retrouver sa famille, malgré un dossier vide, sans plaignant ni victime. Contrairement à l’affaire de l’ancienne Première Dame et de son fils, la justice gabonaise semble déterminée à briser un des plus grands hommes d’affaires que le pays ait connu de toute son histoire. Tous les moyens sont employés pour lui nuire : affaiblissement de ses finances, démantèlement, fermeture de ses entreprises, et pression sur son entourage politique et familial. Cette attitude ternit l’image du Gabon tant au niveau national qu’international. D’autant qu’Hervé Patrick Opiangah, est un capitaine d’industrie accompli, un entrepreneur de génie qui a investi ses ressources dans des entreprises toutes installées au Gabon, générant aujourd’hui plus de 7 000 emplois directs et indirects pour des compatriotes gabonais, désormais en situation de chômage forcé. Cette situation ne peut plus durer dans une République qui se dit neuve et épamprée des maux du régime ancien.
Au regard de ce qui précède, il est inadmissible que l’État gabonais, à travers sa justice, traite l’un de ses fils les plus dévoués de ce pays avec autant de mépris, d’injustice et d’iniquité. De la même manière que le président Brice Clotaire Oligui Nguema a accepté l’exfiltration d’Ali Bongo Ondimba, de son épouse Sylvia Bongo Valentin et de leur fils vers l’Angola, il serait judicieux qu’il intervienne dans le cas Opiangah, en lui permettant de rentrer librement et en toute sécurité dans son pays. Ce geste serait fort symbolique d’une volonté de « pardon et réconciliation nationale », et bénéfique à des milliers de familles privées de revenus depuis plus de sept mois.
Le peuple gabonais, dans toute sa diversité, forme une grande famille. Il n’existe aucun problème, aussi complexe soit-il, que nous ne puissions résoudre ensemble. La Ve République ne doit plus être le théâtre de règlements de comptes politiques mettant en péril des familles entières, et un homme, un fils du Gabon qui n’a absolument rien commis comme faute et qui a pourtant fait don de soi pour libérer le Gabon de jougs d’un régime tyrannique et avilissant. Le pardon doit guider l’action du chef de l’État, en tant que père de la nation, afin que règnent la paix, l’harmonie, l’unité et la concorde nationale entre les fils et filles de ce pays plus largement et entre lui et son frère Hervé Patrick Opiangah, plus strictement.